Comment nous est venue cette idée

Fin Février 2010, en lisant le Monde du dimanche, je vois une publicité
"Transsibérien en 15 Jours " de Moscou à Pékin
Tout d'un coup un déclic se produit: Il faut qu'on fasse un voyage en Transsibérien.
Cette idée ne nous avait pas effleuré l'esprit à Jackie et moi depuis de nombreuses années.
L'idée germe.
Dès le lendemain nous allons su le site du Monde pour plus de renseignements. Le programme ne nous satisfait pas car le voyage en train ne commence qu’à Irkoutsk sur le lac Baïkal. Des conférences étant prévues par des sommités, nous nous doutons que nous ne seront pas trop à l’aise parmi les futurs autres voyageurs
Mais l’idée germe de plus en plus et voilà Jackie partie dans une recherche frénétique sur de possibles agences de voyage proposant cette prestation.
Nous ne sommes plus de la première jeunesse et nous ne nous sentons pas capables de partir tous les deux seuls dans l’inconnu comme lorsque nous avions 20 ans.
Le 8 Mars nous trouvons un site qui nous convient « Espace Est Ouest ». Il y est écrit :
"Petits et fiers de l'être, nous sommes un artisan producteur de voyage sur le transsibérien et la Route de la Soie légalement enregistré en France (pour tous les voyageurs domiciliés en France) et en Suisse (pour les voyageurs domiciliés en Suisse). Tout se fait en complète transparence, du paiement de l'acompte à la réalisation du voyage."
Ce préambule nous séduit et nous décidons de continuer avec Espace Est Ouest qui propose un voyage en Transsibérien intitulé « Echapée belle » du 15/07 au 28/07. Le programme et le prix (8 000 € pour deux) nous inspirent. Le groupe de voyageur ne peut excéder 12 personnes, ce qui est acceptable pour des ours comme nous.

En voilà le programme :

Jour 1 : Vol de ligne à destination de Moscou. Arrivée en fin d’après-midi.
Jour 2 : Visite de Moscou. Départ en train en fin de soirée pour Irkoutsk. Nuitée à bord du train.
Jour 3-4-5 : Passage à Vladimir (Km 210), Nijni Novgorod (Km 461), Perm (Km 1397), Ekaterinbourg (Km 1778), Omsk (Km 2676), Novossibirsk (Km 3303), Krasnoïarsk (Km 4065)..
Jour 6 : Arrivée matinale à Irkoutsk. Départ pour le village de Listvianka au bord du Lac Baïkal, classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.. Départ en bateau pour l’ancienne ligne ferroviaire du Circum-Baïkal. Départ le soir vers la gare pour prendre le train pour Oulan Bator.
Jour 8 : Trajet le long de la rivière Selenga et montée vers Oulan Bator à travers la steppe. Long passage de la frontière russe puis mongole en fin de journée et nuitée à bord du train.
Jour 9: Arrivée à Oulan Bator en début de matinée. Transfert vers un gîte sauvage au pied du Mont Khentii.) Repas du soir et soirée mongole. Nuitée en yourte.
Jour 10 : Retour à Oulan Bator et visite de la ville ville. Logement à l’hôtel.
Jour 11 : Départ matinal du train pour Pékin. Voyage ferroviaire le long du désert de Gobi. Passage de la frontière et changement des boggies des wagons dans la nuit. Nuitée à bord.
Jour 12 : Réveil dans les paysages de la campagne chinoise. Arrivée à Pékin dans l’après-midi. Transfert vers la Grande Muraille hors des sentiers battus dans son endroit le plus pittoresque. Installation à l’hôtel aux pieds de la Muraille.
Jour 13 : Réveil très matinal (facultatif) pour admirer le lever de soleil sur la Muraille. Retour en bus à Pékin et visite de la ville.
Jour 14 : Visite de la Place Tien An Men et de la Cité. Repas de midi dans un restaurant populaire de Pékin. Après-midi libre. Repas d’adieu en ville.
Jour 15 : Transfert vers l’aéroport. Vol de retour vers l’Europe. Arrivée en fin de journée en Europe.
La réponse à notre demande d’information est très rapide mais nos cogitations encore plus . En consultant les températures possibles en Mongolie et à Pékin à cette période, je crains qu’il ne fasse trop chaud pour moi.
Espace Est Ouest propose un voyage « Magie des lieux » du 20/05 au 3/06. Nous pensons que le temps sera plus clément à ce moment là et nous optons pour ce voyage là, même s’il est plus cher (10 000€ à deux). Avec la logique terrifiante qui nous caractérise, on se dit après tout que c’est le prix d’une petite voiture neuve qui ne durera que 15 jours.
Mais bon, nous sommes tellement décidés que rien ne nous arrête. Il faut qu’on fasse ce voyage maintenant, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.
A partir de là tout va aller très vite. Nous nous inscrivons le 10Mars.
Notre dossier est suivi avec une grande efficacité par Vincent qui sera notre accompagnateur. Tous les documents nécessaires sont accessibles par Internet (du billet d’avion au contrat d’assurance)
Le 11 nous avons déjà la réservation de l’avion (Marseille-Munich-Moscou pour l’aller et Pékin-Munich-Marseille pour le retour).
Le premier acompte (la moitié du prix total ) est versée le 18 Mars. Nous remplissons les demandes de visa pour la Russie, la Mongolie et la Chine et les portons à « Atout Visa » une agence qui s’occupe des demandes de visa basée à Marseille. Nous n’aurons pas à parcourir les ambassades ou les consulats nous mêmes, cette société s’en charge moyennant une certaine somme comprise dans le prix du voyage. La dame qui nous reçoit nous dit que sa société travaille avec Espace Est Ouest depuis 10 ans.
Ces paroles nous rassurent quand à notre choix on ne peu plus instinctif. Espace Est Ouest est une petite société. Nous ne trouvons pas beaucoup de références à son sujet sur Internet mais je ne sais pas pourquoi nous avons, surtout moi, confiance. Atout Visa nous indique un mois de délai pour récupérer les 3 visas.
Voilà, maintenant tout est lancé, il nous reste encore 2 mois à patienter avant le départ.
L’achat du Lonely Planet sur le Transsibérien va nous permettre de se préparer au voyage.
Nous profitons d’une virée d’une semaine à Paris où habite Matthias notre fils pour faire l’acquisition d’ un appareil photo numérique dédié à ce voyage.
Toutes sortes de questions nous assaillent. Vincent y répond toujours très vite.
Le 22 Avril nous effectuons le reste du paiement du voyage. Voilà 10 000€ évanouis. Il n’y a plus qu’ attendre et faire confiance !
Le 28 Avril nous récupérons nos visas à la poste de Tourves, le village où nous habitons. Atout Visa les a expédié par Chronopost qui s’est contenté de les donner à la poste sans daigner essayer de nous les amener comme ils aurait du le faire.
Le 10 Mai Vincent organise par conférence téléphonique une réunion de préparation au voyage. Nous faisons connaissance avec l’autre couple participant, Annick et Laurent de Marseille !
Et oui nous ne serons que 4 car un autre couple s’est désisté au dernier moment à cause d’un divorce inopiné à 65 ans. Faut le faire quand même! Vincent a décidé de maintenir le voyage même si nous ne sommes que 4. Ses propos lors de la discussion nous confortent dans notre choix car ils nous inspire beaucoup de confiance. Les conseils qu’il nous prodiguent semblent de bon sens (Thermos pour prendre l’eau au samovar du wagon, habit confortable pour le voyage en train, peu de bagage ,etc.) . Il est étonnant de ne pas les retrouver dans Lonely Planet.
Le 14 Mai nous recevons par FEDEX les derniers documents relatifs à notre voyage (carnet de bord, programme détaillé, etc.)
Il ne nous reste plus qu’à prendre un billet de parking pour la voiture à l’aéroport via Internet( 15€ pour 15 jours et à faire les derniers achats (lampe frontale de poche, chaussures légères, valises).
Durant les 5 derniers jours nous n’arrêtons pas de faire et défaire nos bagages. Heureusement que le volcan innommable islandais nous distrait en faisant des siennes. Partira, partira pas?

20 Mai le départ

Debout à 2h du matin sans réveil, nous effectuons le trajet jusqu’au parking de l’aéroport sans encombres. Je laisse les papiers de la voiture dans celle -ci. Nous rappellerons nous de l’emplacement où on l’a laissée ? Ce parking est tellement vaste. On verra bien. Fidèle à nos habitudes, nous arrivons avec 2 heures d’avance sur le départ. L’enregistrement des bagages plié, il ne nous reste plus qu’à attendre 6h50. Les kiosques étant fermés, nous ne pouvons pas acheter de journaux pour le voyage.
Enfin l’heure du départ ! L’avion de Lufthansa nous amène à Munich en 01h35. Il y fait un temps exécrable (pluie et fraîcheur). Ici encore nous avons le temps avant le départ pour Moscou. Mais ce coup-ci nous n’y sommes pour rien, c’est le lot des correspondances.
Jackie en profite pour se parfumer gratuitement dans un duty free shop.
Nous embarquons enfin 2 heures après sur le vol pour Moscou. L’avion ne décolle qu’après une heure d’attente imprévue, due semble-t-il à un problème de bagage dangereux à résoudre. Comprenne qui peut.
Le temps de rajouter 2 heures de décalage à notre montre et nous voici arrivés à Moscou. Il est 17h, il fait chaud avec un soleil radieux.
Au contrôle des passeports, Jackie se fait une petite frayeur car le préposé au contrôle veut à tout prix qu’elle soit allemande et ne comprend pas pourquoi son passeport est français.
Dans la queue, il y a un groupe de ressortissants d’une république quelconque du Caucase qui se fait refouler sans raison apparente de tous les guichets. Ils ne semblent pas avoir de passeports et brandissent aux différents employés un papier froissé qui semble rassembler toute leur identité.
Ça y est on a notre premier visa tamponné en entrés. Il nous faut conserver précieusement le papier qui va avec , sous peine d’ennuis à la sortie de la Russie.
Sur les conseils de Vincent nous avons chacun une pochette suspendue au cou dans laquelle nous rangeons passeport , carte de crédit et argent. Elle nous fait une proéminence sur l’estomac malgré le tee shirt, mais c’est le moyen le plus efficace de ne pas se faire voler ce qui est le plus précieux.
Je me fais moi ma petite frayeur à la récupération des valises car j’ai perdu Jackie en une fraction de seconde. En fait elle s’était arrêtée près d’un tapis qui délivrait les valises d’un avion en provenance d’Istanbul! Je cours un peu partout avant de l’apercevoir et de la récupérer.
Enfin, nous franchissons la porte de sortie, accueillis par Vincent d’Espace Est Ouest, Marina notre guide russe, Laurent et Annick Pouchau, notre couple de marseillais.
Marina est âgée d’une soixantaine d’années toute comme Laurent et Annick. Vincent est tout jeune, 32 ans à peine. Il pourrait être notre fils!
Annick est infirmière retraitée et Laurent encore en activité est ,à ce que j’ai compris, contrôleur à la sécurité sociale.
Annick est quelque peu perturbée car sa valise a été perdue. Vincent lui promet de la récupérer avant notre départ de Moscou demain soir.
Nous profitons d’un guichet automatique bancaire de l’aéroport pour récupérer nos premiers roubles.
Et nous voilà partis dans les rues de Moscou jusqu’à notre hôtel qui se situe à deux pas du Kremlin près de la Moskova. Le Swiss Hôtel est un hôtel 5 étoiles possédant des chambres gigantesques. Nous avons la chambre 7 au 4ème étage qui nous donne une vue de la ville.

Nous dînons vers 18h30 à l’hôtel dans un salon particulier. Au menu Goulasch et dessert très bon dont je ne me rappelle plus le nom. La particularité des russes et, nous le verrons plus tard ,des mongols et des chinois est d’enlever l’assiette dès qu’elle est vide. Toute l’astuce consiste à y laisser quelque chose pour ne pas être désigné comme morfale.
Vincent et Marina discutent à bâton rompu en russe.
Après le repas, nous voilà partis pour une rapide visite de nuit de la capitale, en voiture .
Nous commençons par la colline des moineaux. Cette colline qui surplombe la Moskova est le lieu de rendez-vous des moscovites la nuit.
Il y a une foule bigarrée parmi laquelle un groupe de bikers en Harley Davidson toutes plus clinquantes les unes que les autres, des cyclistes, des gens en rollers, des amoureux, des familles.
On a même droit à un bonhomme qui prend des photos de sa moto rutilante sur laquelle est perchée ,lascive, sa petite amie non moins rutilante.
Les nouveaux riches se pavanent aussi en ce lieu à bord de limousines ultra longues, de Porshe Cayenne ou de hummer.
Nous nous rendons ensuite à l’esplanade de la victoire du 9 Mai 1945. Les russes fêtent la capitulation sans condition de l’Allemagne le 9 car elle a été signé à Berlin le 8 Mai vers 22h30 ce qui correspond ,avec 2h de décalage, au 9 Mai pour les russes. L’endroit est émouvant avec des fontaines d’eau rouges symbolisant le sang.
Marina nous dit que ce jour est très important pour les russes. Ils s’y rendent en grand nombre pour la commémoration. La coutume veut que tout le monde à cette période accroche un ruban à son costume ou à sa voiture au couleurs bleue et orange de la Russie.
Nous continuons par le monastère Novodevitchi (couvent des jeunes vierges) très bien illuminé et entouré de remparts au bord de la Moskova. C’est ici qu’étaient recluses les jeunes filles indésirables de l’aristocratie. Le cadre est très romantique et on comprend qu’il a inspiré Tchaïkovski pour la réalisation du lac des cygnes.
Nous arrivons ensuite à la Place Rouge. Le Goum qui est illuminé de façon bling bling nous paraît hideux. On reviendra sur cette opinion le lendemain en le visitant. La cathédrale de Basile le Bienheureux est, elle ,vraiment splendide dans ses illuminations. Son architecture ne ressemble à rien de connu bien qu’elle me rappelle à moi, je ne saurai dire pourquoi un palais de Louis II de Bavière.
La place rouge me semble petite et le Kremlin sans plus.
Il est minuit lorsque on rentre se coucher un tantinet fourbu. Nous n’avons pas le courage d’aller au bar de l’hôtel situé au dernier étage d’où paraît-il la vue sur Moscou est magnifique.

21 Mai à Moscou

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous levons vers 6h30 pour prendre une douche monumentale en sachant que les 4 prochaines journées se passeront dans un train au confort précaire. Après un petit déjeuner digne du standing de l’hôtel (viennoiseries, fruits frais, café, etc.) nous regagnons la place rouge dont la vue est très différente de notre impression nocturne. La basilique de Basile le bienheureux (un simple d’esprit qui avait prévus qu’Ivan le terrible assassinerai son fils) paraît plus fade de jour surtout si on coupe sur la photo la moitié haute de l’édifice.
 Le Kremlin est imposant. C’est de là que partent toutes les artères de la ville et que sont calculées toutes les distances en Russie. On attend quelques secondes au cas où le président Medvedev se rende à pied comme tous les jours à son bureau. Mais soit il est en déplacement, soit il se lève tard.
S’ils ont déplacé le mausolée de Staline, les russes, on se demande bien pourquoi, n’ont pas encore osé déplacer celui de Lénine. Il n’y a pas l’air aujourd’hui d’y avoir foule pour le visiter.
La place rouge était vide devant moi marchait Marina. Pouf pouf ! On fait donc comme tout touriste qui se respecte un détour au café Pouchkine boire un chocolat. Ce lieu, créé de toute pièce après le succès de Gilbert Bécaud, est un endroit très sélect et joliment décoré. Mais bon on n’a pas été jusqu’à le photographier.
Le Kremlin est entouré d’églises. Nous pénétrons dans l’une d’elles. L’intérieur, comme toute église orthodoxe qui se respecte, est très chargé. Il y a un pope en train d’officier tout en psalmodiant. L’assistance est peu nombreuse et composée de femmes âgées. Les jeunes ne semblent pas intéressés par la religion.
Nous partons en voiture pour le parc Kolomenkoye situé à 10 km au sud est du Kremlin.
Les avenues de Moscou sont immenses. Les voitures filent à vive allure quand il n’y a pas d’embouteillage. La vitesse est limitée à 80 km/h ! Les passages piétons sont très peu nombreux et les voitures non seulement ne s’arrêtent pas mais accélère lorsqu’il y en a un qui essaie de traverser ces larges chaussées. Les panneaux "attention piétons" les représentent d'ailleurs en train de courir. Nous avons un peu peur mais moins que Vincent qui a déjà eu deux accidents graves en Russie.
Nous arrivons au parc sains et saufs. Il est très verdoyant et calme.
il surplombe la Moskova.
 Il y a de magnifiques maisons en bois sans aucun clou qui datent du XVIII ème siècle :
L'église de l'Ascension est l'une des premières églises du village, bâtie en 1530, faite de pierre avec un toit en croupe sur une base octogonale, pour commémorer la naissance de l'héritier désiré, Ivan IV le terrible.
Il y a beaucoup de groupes d’écoliers qui visitent le site et les guides qui leur sont dédiées sont bizarrement déguisées en princesses ou en fées
La visite étant terminée et la campagne donnant faim, Vincent nous amène déjeuner dans un restaurant étrange « le Turandot ». On a l’impression d’entrer dans un théâtre de la renaissance italienne. Les serveurs sont en livrées. La lumière est fournie par des candélabres sur les murs. L’endroit où nous nous installons paraît être un ancien balcon ou un couloir circulaire.
Nous en restons ébahis comme vous voyez.

Les toilettes sont si classes qu’on n’ose pas les utiliser.
Le repas est à l’image du décor, somptueux : Bœuf Stroganoff et dessert très raffiné. C’est ça la magie des lieux!
Après ce repas irréel Vincent part à la recherche de la valise d’Annick tandis que nous partons visiter avec Marina le métro et ses célèbres stations décorées.
Le métro de Moscou se compose de 10 lignes radiales et une ligne circulaire qui coupe toutes les autres lignes, si bien qu’il est très facile d’aller d’un point à un autre de la ville sans prendre énormément de correspondances comme ce peut être le cas à Paris. Il est très fréquenté. Ce n’est pas celui de Tokyo, que je ne connais pas, mais presque. Les stations que nous avons visitées sont toutes immenses et très allongées. Certains tapis roulants n’ont rien à envier à celui de la station Montparnasse. Il n’y a aucun tag ni dans les stations ni sur les rames.
Marina prend des précautions extraordinaires pour ne pas nous perdre dans les stations ou dans les rames. Et encore nous ne sommes que 4 sous sa houlette. Ce doit être un cauchemar lorsqu’elle doit y trimballer des groupes de 12 personnes ou plus.
Nous nous moquons gentiment d’elle mais cela ne la perturbe pas.
Staline avait voulu que les stations de métro soient un plaisir à parcourir pour les travailleurs moscovites. Il a donc mis les grands moyens pour les décorer. Il faut avouer que c’est une réussite. Les quelques stations que nous avons parcourues n’ont pas d’équivalent dans le monde. Si c’est ça l’art stalinien, on signe tout de suite pour qu’il y en ait plus partout.
Au mois de Mars de cette année, ont eu lieux des attentats sanglants qui ont fait 40 morts dans ces stations. Il n’en reste aucune trace. Peut être les moscovites peuvent en déceler, nous non. Deux ou trois mois plus tard il y a moins de policiers ou de militaires qu’à Paris dans le cadre des plans vigie pirate.
Dans la station Ploshchad Revolyutsii" ("Place de la révolution") sont exposées des statues en bronze.
Les gens, hommes ou femmes, caressent le museau du chien de cette statue. Il paraît que ça porte bonheur

La station "Mayakovskaya" est considérée à juste titre comme le chef-d'œuvre du métro de Moscou. Cette station, qui a été construite à une grande profondeur, se trouve sur la première et la plus ancienne ligne. Elle a été ouverte en 1938. Sa décoration intérieure a fait l'objet d'un vif succès à l'Exposition internationale de New-York. Deux marbres différents, la rodonite et la diorite, ont servi à la décoration des murs et des colonnes. La voûte de l'allée centrale est décorée de 33 mosaïques exécutées d'après les desseins du fameux artiste russe Alexandre Deineka. Les mosaïques ont pour thème "un jour dans le ciel soviétique".
 Voilà dans quls couloirs circulent les moscovites qui prennent le métro. Mieux que chez nous non?
Nous sortons du métro et nous nous dirigeons vers l’embarcadère des bateaux bus pour bénéficier d’un autre point de vue de Moscou via une croisière sur la Moskova.
L’embarcadère se trouve non loin de la gare de Kiev. A la demande de marina nous traversons à toute allure la place où se trouve outre cette gare, la gare de Kazan et la gare du transsibérien. C’est d’après elle un coupe gorge, même en plein jour, fréquenté par les gitans. Même en Russie ces gens sont mal aimés !
Il fait très beau et chaud aujourd’hui. Les moscovites en profitent pour se faire bronzer le long des berges. Il n’y a quand même pas de téméraires pour se jeter à l’eau, peut-être à cause de la pollution, peut-être à cause de la température.

Nous ne voyons pas d’usines si ce n’est à intervalles réguliers des centrales thermiques qui alimentent la ville en électricité. Le Kremlin est encore plus impressionnant vu du bateau.
Nous passons ensuite devant la statue de Pierre I en navigateur de Zourab Tsereteli
Cette statue très laide à nos yeux mérite quelques éclaircissements rapide Vincent: L’auteur Zourab Tsereteli est président de l'Académie des Beaux-Arts de Moscou. Homme influent en Russie, il est un proche de Iouri Loujkov, le maire de Moscou.
En 1992, il essaya de donner aux États-Unis une statue de Christophe Colomb pour commémorer le 500e anniversaire de son premier voyage aux Amériques mais l'offre fut déclinée. Cette statue fut finalement installée à Moscou, sur les bords de la Moskova, et ne présente plus Christophe Colomb mais Pierre le Grand qui comme personne ne le sait a été un grand navigateur. D'autres propositions de Tsereteli furent également refusées dans les années récentes dont une statue de Magellan en Uruguay, du colosse de Rhodes en Grèce, de Franklin D. Roosevelt à New York et de Balzac en France.
A l’hiver 2006, le maire de la petite ville bretonne de Ploërmel se voit offrir une statue de près de 10 mètres de haut de Jean-Paul II, sculpture en bronze de l'artiste russe. Un cadeau "pour service rendu" dira le maire, sans plus de détail. Le cadeau coûtera malgré tout, quelques dizaines de milliers d'euros aux contribuables de la ville. Un collectif anti-statue se crée et une première manifestation rassemble plus de 500 personnes en novembre 2006 dans la petite ville bretonne pour défendre leur conception de la «laïcité», tandis que d'autres associations viennent défendre la mémoire du pape. Cette statue fait aujourd'hui l'attraction de la petite ville.
Nous débarquons pour rejoindre en voiture l’Arbat qui est un quartier piéton au centre ville. Las nous sommes pris dans un embouteillage infernal. Nous sommes un vendredi à 5 heures de l’après midi. C’est l’heure ou (presque) tous les moscovites sortent de la ville pour se rendre à leurs datchas dans la campagne environnante.
Nous croyions que la datcha était réservée à la nomenklatura de la Russie soviétique. Marina et Vincent, qui nous a rejoint avec la valise enfin récupérée d‘Annick, nous expliquent qu’il n’en est tout autrement. Chaque famille russe pratiquement en possède une. Il s’agit d’une petite maison entourée d’un petit lopin de terre avec dans un coin la bania dont nous reparlerons plus tard. Évidemment les datchas des nantis sont plus belles et plus près de la ville que les autres. Mais ce système permet aux russes les plus pauvres de pourvoir un tant soit peu à leurs besoins alimentaires grâce à la culture de la pomme de terre notamment.
Marina en possède une. Elle est aussi propriétaire de son appartement car c’est aussi un système hérité du passé. Beaucoup de russes ont acquis le droit de posséder leur appartement.
Certes les appartements hérités de l’époque soviétique étaient généralement petits mais certains, plus fortunés, en rachetant les appartements des voisins ont maintenant des appartements qui n’ont rien à envier aux appartements occidentaux. Les autres continuent de végéter dans leur appartement minuscule ou pire encore dans un appartement communautaire.
Vincent en possède un à Saint-Pétersbourg, avec cuisine et toilettes communes !
Marina est potentiellement riche avec son appartement et sa datcha, mais touchant une retraite ridicule elle est obligée de travailler comme guide.
Pendant toutes ces explications notre véhicule n’a pas parcouru cent mètres. Nous décidons de finir notre voyage à pied. Il fait chaud ! Nous pénétrons dans le Goum. L’intérieur du magasin est magnifique contrairement à notre impression d’hier. L’intérieur est composé de galeries marchandes très « art déco » avec de magnifiques verrières dignes de celles du Grand palais à Paris. On est loin du Goum de l’époque stalinienne où les marchandises étaient rares. Ici il n’y a maintenant que les mêmes boutiques de luxe que l’on retrouve sur les Champs Elysées ! Après s’être désaltéré nous partons à la recherche d’un supermarché afin de faire nos provisions pour les apéros et les tea parties qui meubleront notre voyage en train..Sur les conseils de Marina, nous achetons de la vodka Smirnoff, parait-il la meilleure et de la vodka à l’orange. Nous prenons aussi des sachets de calamars séchés ainsi que des boîtes de caviar de saumons et des noix de pignons de pin de Sibérie.
Vincent nous amène ensuite dans notre dernier restaurant de Moscou. La salle est située dans une cave qui était le quartier général des marchands de la ville. Le cadre est agréable mais la nourriture banale. Il y a un groupe de jeunes filles qui fêtent l’anniversaire de l’une d’elles avec joie et beaucoup de toast à la vodka. Nous parlons un peu de notre futur séjour à Irkoutsk et en Mongolie. Marina se révèle, comme je pense beaucoup de russes, très méprisante envers les mongols et la Mongolie .
Vers 11heures du soir nous partons pour la gare.

 Direction Irkoutsk via le train Moscou Pékin, voiture 20, compartiment 12.
Il y a deux trains par semaine pour relier Moscou à Pékin. Selon les accords passés entre russes et chinois, l’un géré par les russes passe par la Mandchourie, l’autre géré par les chinois passe par la Mongolie.
Pour aller à Irkoursk nous prenons celui qui , après cette ville ,passera par la Mandchourie.
Respectant consciencieusement les consignes de Vincent pour prévenir toute tentative de vol, nous restons groupés, tenant bien fort nos sacs en attendant d’embarquer. Nous faisons nos adieux à Marina.

Le train arrive enfin et nous prenons place dans notre wagon qui est le dernier du train. Le provodnist nous indique notre compartiment, nous donne nos draps, notre couverture et notre serviette de toilette.
Nous sommes un peu déçus car nous nous attendions à être accueillis par une provodnista comme celle du guide de voyage Lonely Planet.
Vincent nous rassure, l’homme effectue le service de nuit et sera relayé demain matin par une vraie provodnista.
Nous sommes 4 dans le compartiment : Jackie et moi sur les couchettes du bas. Vincent et un ami à lui, qui vient d’arriver, sur les couchettes du haut.
Cet ami est une personne de la société des chemins de fer russe qui s’occupe des billets (notamment des nôtres). Il voyage cette nuit avec nous pour rejoindre demain matin sa famille dans sa datcha.
Annick et Laurent occupent le compartiment précédent tout seuls. Ils ont payé plus cher pour pouvoir disposer d’un compartiment à eux deux.
Le train démarre ver minuit. On se couche vers 1h du matin quelque peu fatigué. La description du wagon sera pour demain.

22 Mai dans le train

La nuit a été un peu agitée. Vers 5h de grands coups sont frappés à la porte du compartiment. Une ½h après ça recommence. L’ami de Vincent commence à s’agiter, puis il plie ses draps s’habille et descend de sa couchette juste au moment où le provodnista commence à vociférer. L’ami de Vincent ouvre la porte et lui tend son paquetage de draps, de couverture et de serviette de toilette. L’employé s’en va apparemment satisfait. Le train s’arrête et notre colocataire descend sur les quais. Il est arrivé à destination.
Je me rendors finalement jusqu’à 8h, heure à laquelle tout le monde émerge. Il est temps avant le petit déjeuner de faire une description de notre compartiment et du wagon.
Notre compartiment de 2ème classe appelé aussi " classe molle " dispose comme je l’ai déjà dit de 4 couchettes. Les deux couchettes du ba,s lorsqu’on les soulève ,disposent d’un casier où l’on peut aisément ranger un grand sac de voyage. Il reste encore un peu de place pour ranger des bricoles.
Près de la fenêtre se trouve une table que l’on ne peut pas replier. Elle sera toujours encombrée de victuailles, tasses ou thermos.

Les deux couchettes du haut se rabattent pour permettre aux passage de s‘installer confortablement sur celles du bas. Les passagers de ces couchettes disposent de casiers de rangement au dessus de la porte pour y ranger leur sacs de voyage. Il y a une lampe de chevet en bon état par passager.
Les couchettes recouvertes d'une sorte de velours, sont assez étroites. Le compartiment est climatisé . On ne peut pas ouvrir les fenêtres.
Les draps fournis hier soir sont dans un état correct. La serviette de bain ressemble par son tissu et son épaisseur à une serviette de table.

Le couloir du train est étroit. A chaque bout se trouve des toilettes aussi petites que celles du TGV. C’est là aussi qu’on est supposé, d’après Lonely Planet, se doucher en connectant un tuyau au robinet de lavabo. On ne le fera pas. Ceux qui ont donné ce conseil n’ont jamais pris le transsibérien car le robinet s’ouvre en enfonçant un bitoniau situé dans l’orifice. Il n’y a pas d’eau chaude. Chaque jour nous avons fait des toilettes de chat.

Les toilettes resteront à peu près propres jusqu’à Irkoutsk, le papier toilette viendra lui à manquer. Le système de chasse d’eau (pédale au pied) est plus judicieux que celui du TGV.
Dans le couloir du train il y a curieusement un tapis. Les fenêtres dont certaines
s’ouvrent sont ornées d’un rideau.

A un bout du couloir, en face le compartiment réservé aux podvonista , se trouve un magnifique samovar. Celui-ci est alimenté au charbon par la podvonista .
Il fournit les passagers en eau chaude (attention à ne pas s’ébouillanter).

A propos d’eau chaude, la podvonista qui a remplacé le grincheux de la nuit nous
amène des magnifiques verres à thé aux armoiries du transsibérien que nous achèterons
arrivés à Irkoutsk.

Elle nous propose aussi des friandises. Jackie les prend en pensant que c’est un cadeau de bienvenue. Mais avec force gestes, elle nous fait comprendre qu’il faut payer, pas beaucoup certes, mais payer 50 roubles. Comme nous n’avons pas de monnaie nous lui donnons 500 roubles. Elle les prend et s’en va. Nous voyant inquiets, Vincent nous dit que , n’ayant pas de fond de caisse (c’est interdit) elle attendra d’avoir la monnaie avant de nous la rendre. On n’en reverra jamais la couleur.
Sur ces entrefaites, nous nous attaquons au petit déjeuner préparé par Vincent (viennoiseries industrielles) arrosées de nescafé acheté en France.
La matinée s’écoule paisiblement en discussions. Vincent nous prête quelques livres dont l’un racontant la découverte d’une famille d’anciens croyants au cœur de la Sibérie dans les années 1980 nous passionnera. Les autres livres nous paraissent sans intérêts.
Nous arrivons à la gare de Tomsk vers midi. Sur le quai où nous descendons nous dégourdir les jambes.

 Il y a beaucoup de marchands de nourriture et  d’énormes peluches.
 Il y a une usine de jouets non loin de là et les ouvriers sont autorisés à vendre les peluches qui ont un petit défaut. Vincent nous apprend à reconnaître les marchands à la sauvette qui sont discrets car interdits. A la vue du moindre policier, ils s’égaient. Nous remarquerons plus tard que, dans les gares où le train s’arrête sur une voie qui ne donne pas directement accès aux sorties de la gare, il n’y a pas de marchands clandestins. L’arrêt dure une vingtaine de minutes. Quelques passagers montent dans notre wagon : deux hommes avec des malles énormes qu’ils arrivent à entreposer tant bien que mal en bout de wagon, une bande de jeunes gens et de jeunes filles, un couple avec deux enfants.
C’est l’heure de notre premier apéro à la vodka. Vincent nous initie à l’art russe du toast : Faire un vœu à haute voix en regardant son verre et non les autres personnes et boire d’un trait en avalant dans la foulée quelque chose de solide (calamar séché, petits biscuits apéritif, etc.). Personne n’est emballé par la vodka. On ne sera pas saoul à la fin du voyage !
Après une discussion à bâton rompu, nous nous dirigeons vers 15h30 au wagon restaurant.
Il nous faut traverser trois wagons avant d’y arriver en prenant soin à chaque fois de bien refermer les portes de liaison n sous peine de se faire sermonner par les podvonitsa.
La serveuse du restaurant nous accueille. Elle est très sympathique. Peut-être parce que Vincent la connaît.
Ici il ne s’agit pas de restauration rapide comme dans le TGV. Le wagon dispose d’une cuisine alimentée au charbon et d’un cuisinier.
Au menu : bortsch, soupe de bœuf, salade et patates, le tout arrosée d’une bière locale de la marque du vieux moulin.
Nous regagnons ensuite notre wagon pour une petite sieste. Lors du trajet, un passager mécontent a bloqué une des portes de communication. Vincent doit demander l'aide d'une podvonista
pour la débloquer.
Vers 16h30 le train s’arrête quelques minutes à Balézino à 1194 Kms de Moscou. Nous profitons de cette halte pour acheter du poisson séché à une marchande (ça va sentir dans le compartiment !) ainsi que des pirojkis qui sont des pains fris et fourrés de choux et de pommes de terre ainsi que des vatrouchkas qui sont une sorte de donuts.
Vers 19h nous nous attablons tous les 5 dans notre compartiment pour le repas du soir. Nous avons pris une heure de décalage en plus par rapport à Moscou.
Le poisson acheté plus tôt est difficile à dépiauter mais bon, comme le reste
.
Le tout est arrosé d’un champagne local que Vincent avait acheté la veille à Moscou.
On est obligé de le boire maintenant. Vincent l’avait confié à la provodnista pour qu’elle le mettre au frais dans son frigo. Cette dernière ayant fait elle aussi des courses à la dernière halte nous rend le champagne pour faire de la place dans son frigo.
Lors d’une discussion à bâton rompu Vincent nous raconte la légende de la datcha que j'ai oublié maintenant mais c'est promis, j'essaierai de m'en rappeler.
Nous arrivons à Perm (1437 Kms de Moscou). Il fait froid et il pleut. Nous décidons donc de nous coucher. Nous gagnons encore une heure sur Moscou.


23 Mai toujours dans le train

Je me réveille à 5h30, pardon à 6h30 car on a encore pris une heure dans la nuit, lorsqu'on arrive à Tioumen en Sibérie à 2144 K ms de Moscou. On a dormi comme des loirs.
On est passé en Sibérie au petit matin sitôt l’Oural franchi.

Après un petit déjeuner sympa comme d’habitude, commence une discussion sur les écrivains voyageurs que nous aimons tous les 3 : Ella Maillard, Nicolas Bouvier, etc.).
On s’installe dans le couloir car c’est plus facile pour tout le monde de regarder à la fenêtre. Le paysage défile avec la taïga à perte de vue. Il y a encore de petites plaques de neige et le sol regorge d’eau. Les bouleaux n’ont pas encore leurs feuilles. A chaque sortie de ville, un peu plus loin dans la campagne, se trouvent les célèbres datchas.

 Vincent nous raconte ses mésaventures avec Nicolas Hulot qu’il a accompagné comme interprète lors d’un reportage au lac Baïkal. Ce dernier était parait-il assez imbuvable. Les techniciens l’appelaient « la face » car il se faisait bien filmer au départ d’une action comme un décollage en deltaplane ou une plongée dans l’eau glacée puis c’était ensuite un vrai pilote de deltaplane ou un vrai plongeur qui continuait l’action.
Il est 12h45. Alors que nous venons de finir notre apéro, nous arrivons à Ichim à 2463 K ms de Moscou. Il y fait plutôt frisquet.Sitôt descendu du train, sitôt remonté.
De toute façon il est l’heure d’aller au wagon restaurant. Le repas est agréable : soupe à base de citron et de concombre suivie d’une salade d’œufs râpés, de crêpes et de poulet pommes de terre. Nous essayons aujourd’hui une autre marque de bière très agréable au goût.
Le temps de revenir à notre wagon nous avons pris une nouvelle heure supplémentaire. Nous traversons l’Yrtich avant d’arriver à Osmk.

  Omsk situé à 2716 Kms de Moscou est au confluent de l’Yrtich et de l’Ob. Ville de plus d’un million d’habitants c’est un grand centre industriel. Dostoïevski y a été exilé. Nous descendons nous dégourdir un peu et en profitons pour photographier la gare.
  Nous constatons par la même occasion que le wagon qui précède le nôtre est un wagon qui va à Pyon Yang. Nous croyions Jackie et moi que la Corée du nord était un pays complètement fermé. Vincent nous explique que suite à des accords entre ce pays et la Russie, des ouvriers nord coréens travaillent en Russie. Il n’est donc pas étonnant qu’il y en ai qui rentrent chez eux, soit pour des vacances soit que leur contrat se termine. Ils sont regroupés dans ce wagon mais ne sont pas empêchés d’en descendre à chaque arrêt.
Les jeunes de nôtre wagon sont en fait une équipe de foot féminin qui rentre chez elle après avoir remporté une coupe en Allemagne . Elles l'exposent fièrement à la fenêtre de leur compartiment.

Le train repart. A la sortie de la ville ,et nous le verrons pour beaucoup d’autres, il y a d’immenses friches industrielles abandonnées. Au moment la perestroïka, les plus malins ont racheté les usines pour pas cher. Chaque ouvrier a reçu une petite part en action de l’usine dans laquelle il travaillait. Ne pouvant rien en retirer, il l’a vendu contre pratiquement rien à quelqu’un ,en général un cadre de l’usine, qui a pu de ce fait la racheter toute entière. Seules les usines les plus rentables ont continué à fonctionner. Les autres ont été vendues en pièces détachées puis abandonnées.
Le spectacle est désolant.
Il est maintenant 19h, tea time. On goûte la vodka à base de miel et de piment. Elle n’est pas meilleure que la Smirnof. Heureusement qu’il y a le caviar de saumon, les cerises séchées et les croquants achetés à Moscou.
On se laisse encore bercer par le paysage de la taïga et vers 22H nous allons nous coucher. Le balancement du train nous berce. On n’a aucun mal à s’endormir.

 

24 Mai encore dans le train

Il est 8h, non 9h, on a encore pris une heure sur Moscou. On a tous dormis comme des souches faisant fi du décalage horaire. Personne ne s’est rendu compte de l’arrêt à Novossibirsk à 3430 Kms de Moscou ni n’a assisté à la traversée de l’Ob, un des plus grands fleuves de Sibérie. Pourtant l’arrêt a parait-il été bruyant. Je me souviens de vagues éclats de rires !
On est en pleine Sibérie centrale. Le ciel est bas et le dégel ou « raspounitsa » commence à peine. L’eau et la neige s’entremêlent sur le sol. Vincent nous indique qu’il a encore neigé le jour de notre départ.

  Pendant le traditionnel petit déjeuner nous dissertons sur le sens de la vie. Vincent nous conseille « Le cygne noir » ou la puissance de l’imprévisible de Nassim Taleb. Nous n’avons pas encore lu ce livre mais voici ce qu’en dit le critique des « belles lettres » sur Internet :
« Quel est le point commun entre l'invention de la roue, Pompéi, le krach boursier de 1987, Harry Potter et Internet ? Pourquoi ne devrait-on jamais lire un journal ni courir pour attraper un train ? Que peuvent nous apprendre les amants de Catherine de Russie sur les probabilités ? Pourquoi les prévisionnistes sont-ils pratiquement tous des arnaqueurs ? Ce livre révèle tout des Cygnes Noirs, ces événements aléatoires, hautement improbables, qui jalonnent notre vie : ils ont un impact énorme, sont presque impossibles à prévoir, et pourtant, a posteriori, nous essayons toujours de leur trouver une explication rationnelle. Dans cet ouvrage éclairant, plein d'esprit et d'impertinence, Taleb nous exhorte à ne pas tenir compte des propos des « experts », et nous montre comment cesser de tout prévoir ou comment tirer parti de l'incertitude. » 

Le train continue son petit bonhomme de chemin et nous arrivons à Achkins à 3940 Kms de Moscou. Il s’agit d’un nœud ferroviaire important situé au bord du fleuve Tchoulin. C’est aussi un grand centre d’exploitation du bois de pin de Sibérie. Il y a beaucoup de convois ferroviaires chargés de ce bois. Comme pratiquement toutes les gares, celle-ci dispose encore d’un château d’eau en bois, du temps de la machine à vapeur.
  De nos jours, les trains électriques n’ont plus besoin de se ravitailler, mais les locomotives sont changées tous les 400 Kms. La provodnista en profite pour recharger la réserve à charbon du samovar.
A chaque arrêt intermédiaire des techniciens viennent s’assurer de l’état des essieux en tapant dessus à coup de marteau.
 

Après l’apéro de midi toujours peu chargé en vodka, Nous approchons de Krasnoïarsk. La campagne est très enneigée encore. Les gens sont couverts. Les cimetières de Sibérie sont charmants. Chaque tombe très fleurie est entourée d’une petite clôture. Des bancs et une table sont disposés autour. Vincent nous explique que dès qu’ils le peuvent les gens viennent manger et boire avec les défunts. Le lendemain des fêtes importantes les ivrognes, qui sont fort nombreux, viennent finir les bouteilles de vodka laissés pour les morts.  
Parfois quelques collines fort rares nous permettent de nous rendre compte de l’immensité de la taïga. Les sous-bois sont encore couverts de plaques de neige. Les rivières descendent impétueuses.  
Nous arrivons à 14H à Krasnoïarsk situé à 4104 Kms de Moscou. Nous profitons d’un arrêt de 20 minutes pour descendre sur les quais. Il n’y a pas de vendeurs à la sauvette. Nous photographions la locomotive qui commémore la victoire de 1945 et que nous retrouvons dans toutes les gares.
 L’équipe de foot ainsi que les messieurs aux grosses malles débarquent. Nous ne sommes plus que tous les 5 dans le wagon.
Juste après le démarrage du train nous traversons l’Ienisseï qui est un des plus grands fleuves de Sibérie (4102 Kms). 

  Après ce fleuve qui se jette dans la mer Arctique, commence la Sibérie orientale.
Nous partons au wagon restaurant où le menu est semblable à celui de la veille avec un plat de sarrasin en plus et une autre marque de bière.

Après le repas, lecture. Je finis un bouquin que m’a prêté Vincent intitulé « Les idées reçues sur la Russie ». Ce livre ni fait ni à faire est une succession de banalités.
Je commence « Ermite de la taïga » de Vassili Peskov. J’attendais avec impatience que Jackie le termine. Voici une critique de cet ouvrage parue sur le site Internet de « Critique libre » :

« La vie surprenante d’une famille de vieux-croyants, les Lykov, vivant complètement coupée du monde dans la taïga sibérienne. Elle fut découverte par des géologues par hasard alors qu’ils établissaient une base non loin de là. L’histoire de cette famille, rapportée par le journaliste Vassili Peskov, est par certains côtés un documentaire captivant qui nous apprend l’existence de personnes dans des conditions de vie totalement improbables. On apprend pourquoi certains vieux-croyants se sont retrouvés dans cette situation, «loin du siècle» selon leurs termes, et comment ils acceptent leur sort comment celui voulu par Dieu. J’ai découvert, étonnée, leur maison, leurs prières, leurs ustensiles, leurs plantations, leur vision du monde… Quelques photos permettent de se faire une idée de leur manière de vivre. On suit l’évolution de ces personnes avec l’arrivée des géologues qui vont leur apporter un peu de civilisation. Du moins, la part qu’ils acceptent, celle qui leur est « autorisée ». Je suis restée happée par leur histoire, essayant parfois d’imaginer certaines situations… A lire absolument. » 

Après le tea time, nous achetons nos deux verres à thé estampillé transsibérien à la provodnista. Il nous en coûte 1000 roubles par verre !
1€ valant en gros 37 roubles, ça nous fait le verre à 37€. Un peu cher mais Vincent nous dit que la provodnista doit les déclarer perdus et rembourser le double de la valeur à la compagnie. Est-ce vrai ?

Nous allons nous coucher après une longue rêverie en regardant défiler le paysage.

25 Mai au Baïkal

Nous nous réveillons à 7h30 sans avoir très bien dormi. Je pense que c’est du à l’excitation. Pendant que nous mettons nos appareils photos à recharger à la prise du wagon dans le couloir, nous prenons un petit déjeuner express. Il était temps car les provisions commencent à manquer. Nous rangeons toutes nos affaires. Ça prend un certain temps car on s’était bien installé en 3 jours et 4 nuits. Nous décidons de laisser les bouteilles de vodka au ¾ pleines à la provodnista.
Il faut aussi lui rendre les draps, les couvertures et les serviettes de toilette. Comme elle est très consciencieuse ça lui prend un long moment.

A 9h nous arrivons à la gare d’Irkoutsk. 

  Nous sommes accueillis par Anna notre guide locale ainsi que l’inévitable chauffeur avec son minibus. Anna qui doit avoir l’âge de Vincent, c'est-à-dire environ 30 ans est accompagnée de sa fille de 7mois.
Dans un français impeccable, elle s’excuse car son mari travaillant, elle est obligée de garder sa fille avec elle. Elle parait soulagée lorsqu’on lui dit que ça ne nous pose aucun problème. Nous voilà parti en direction du petit village Listvianka au bord du lac. Vincent donne des consignes de prudence au chauffeur, ce qui ne parait pas superflu vu la conduite locale qui semble encore plus folle qu’à Moscou.
60 Kms plus tard, après avoir traversé de multiples rivières, il y en a 300 tout autour qui se jettent dans le lac Baïkal, nous arrivons à notre village au bord de l’eau.
Nous atteignons la maison de notre hôte sur les hauteurs par une petite route non goudronnée. La maison très grande est située dans un jardin dans lequel se trouve aussi la bania ainsi qu’une petite demeure ou vit le propriétaire Nikolaï et sa femme.
La vaste maison est entièrement vouée à être une maison d’hôte.
Nikolaï nous accueille très chaleureusement et avec force paroles. Heureusement que Vincent et Anna traduisent car il ne parle pas un mot de français et nous n’avons fait aucun progrès en russe.
Nous nous déchaussons à l’entrée avant de s’attaquer à un superbe petit déjeuner à base de confiture de myrtille maison et de fromage local.
Nous prenons ensuite possession de nos chambres respectives qui sont très spacieuses. Moi j’en aurai fait plus et plus petites, ou plutôt j’en aurai fait faire plus ! C’est Nikolaï qui a tout construit.
Même s’il est bien meilleur bricoleur que moi, ça sent l’amateur adepte de Castorama. Les robinets sont branlants et il ne faut pas trop s’appuyer sur le lavabo. Mais c’est tellement accueillant que ça en est touchant.
Nous prenons une douche qui est la bienvenue après 4 nuits de train. On en profite pour donner un peu de linge à laver. Comme il fait beau ça doit avoir le temps de sécher avant notre départ le lendemain.
Nous partons à pied au débarcadère du llac où nous attend un petit bateau qui va nous amener sur une autre rive où subsiste un tronçon du chemin de fer transbaikal. Cette ligne très difficile à construire à cause des montagnes qui entourent le lac , n’est maintenant plus très fréquentée que par un train journalier pour touristes. De nos jours, pour éviter les montagnes, le train passe un peu plus au sud . Il fait un temps magnifique et une température agréable lorsque nous embarquons.
Le temps de traversée prévu est d’une heure et demie.
La mer, pardon le lac est très calme. Je dis la mer car il est immense : 600 Kms de long et 60 Kms de large et en moyenne 1000 mde profondeur. C’est la plus grande réserve d’eau douce du monde. Il est d’un bleu intense.
Au bout d’une demie heure, nous arrivons au milieu de morceaux de glace flottants que le bateau traverse avec précaution.

  Alors que les dimensions du lac nécessiteraient l’usage de bateau xde haute mer, les gens ne disposent que de bateaux de rivières pas vraiment adaptés. Les seuls vrais bateaux qui ont existé et qui sont maintenant à l’état d’épaves rouillées, sont des brises glaces construits en Europe puis démontés pour arriver par train jusqu’à Irkoutsk, puis ré asemblés. Nous nous en mettons plein les yeux. La fille d’Anna a l’air de beaucoup apprécier cette ballade elle aussi.
Le trajet enchanté dure un peu plus que prévu avant d’arriver sur l’autre rive car le bateau doit naviguer entre les glaçons.
 Il fait quand même un peu frisquet.
Nous nous réfugions dans la cabine pour prendre le repas préparé à bord par la femme du capitaine. 
On a de l’omoul au menu. C’est un poisson propre au lac Baïkal qui ressemble à un saumon
Après le repas, nous promenons quelques temps le long de la voie ferrée déserte et pouvons admirer des berges la majesté de ce lac.
   Les meilleures choses ayant une fin, nous regagnons le village en profitant encore une fois de la magie des lieux.
Il est 17h déjà lorsque nous débarquons. Anna nous quitte là pour retourner à Irkoutsk avec le bus local.
En regagnant tranquillement notre maison nous croisons un groupe de jeunes gens qui fêtent la fin de l’année scolaire. Ils veulent bien se laisser photographier avec leur costume et leur foulard chatoyant. L’une des filles tient à la main une étoile de mer, pardon une étoile de lac.


Chaque fois que l’on passe devant une demeure, il y a au moins 2 ou 3 chiens qui aboient en tirant sur leur laisse. Vincent nous explique qu’ici les gens craignent les voleurs. Serait-ce comme chez nous ?
De retour à la maison d’hôte nous récupérons notre linge déjà sec.
Pendant que je déguste dehors une petite bière au soleil, Jackie va faire des photos des maisons du village.
Beaucoup de maisons n’ont pas l’eau courante et ces occupants sont obligés de s’approvisionner aux fontaines de la ville. Nikolaï a la chance, lui, d’avoir un forage particulier.
Il est maintenant l’heure de la bania pour Vincent, Laurent, Jackie et moi. Annick n’a pas voulu se joindre à nous.
N’ayant pas d’appareil photo étanche et supportant la chaleur, je suis obligé de vous décrire ce cérémonial très prisé des russes. On s’y adonnent dans
toutes les datcha et les isbas . La bania est une petite pièce en bois dans laquelle sont disposées des banquettes autour d’un poele chauffé avec du bois de bouleau Sur ce poele se trouvent des pierres très chaudes.
Chacun de nous s'y installe à tour de rôle avec Nikolaï . Nous sommes en maillot de bain, quoique les russes pratiquent cet exercice dans le plus simple appareil. Nikolaï nous a affublé d’un chapeau et de gants de feutre pour nous protéger de la chaleur.
Il verse de l’eau sur les pierres. La vapeur qui s’en dégage chauffe instantanément la pièce. Il nous fouette ensuite avec une branche de bouleau encore pourvue de ses feuilles. Il renouvelle l’opération plusieurs fois. Il fait une chaleur terrible. N'en pouvant plus au bout de quelques minutes, on sort de la pièce pour se jeter dans un petit bassin à l’extérieur où l’eau est, après vérification, à la température de 4°C.

Qu’est ce que c’est agréable cette fraîcheur après cette chaleur ! Ceci dit on ne reste pas un quart d’heure dans l’eau.
On renouvelle l’enchaînement chaud et froid deux à trois fois, puis dans une autre pièce Nikolaï nous fait nous savonner puis nous frotter avec un gant de crin. Il nous rince ensuite en nous jetant un seau d’eau froide. C’est surprenant mais efficace.
 

Cette bania nous a fait un bien extraordinaire. Nikolaï nous sert un repas somptueux composé d’omous grillé au barbecue, de tartines de beurre aux airelles, de salade de tomate set de concombres suivie d’une tarte aux myrtilles. Nous regagnons notre chambre bien chauffée et notre grand lit douillet dans lequel nous n’avons aucun mal à nous endormir.