21 Mai à Moscou

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous levons vers 6h30 pour prendre une douche monumentale en sachant que les 4 prochaines journées se passeront dans un train au confort précaire. Après un petit déjeuner digne du standing de l’hôtel (viennoiseries, fruits frais, café, etc.) nous regagnons la place rouge dont la vue est très différente de notre impression nocturne. La basilique de Basile le bienheureux (un simple d’esprit qui avait prévus qu’Ivan le terrible assassinerai son fils) paraît plus fade de jour surtout si on coupe sur la photo la moitié haute de l’édifice.
 Le Kremlin est imposant. C’est de là que partent toutes les artères de la ville et que sont calculées toutes les distances en Russie. On attend quelques secondes au cas où le président Medvedev se rende à pied comme tous les jours à son bureau. Mais soit il est en déplacement, soit il se lève tard.
S’ils ont déplacé le mausolée de Staline, les russes, on se demande bien pourquoi, n’ont pas encore osé déplacer celui de Lénine. Il n’y a pas l’air aujourd’hui d’y avoir foule pour le visiter.
La place rouge était vide devant moi marchait Marina. Pouf pouf ! On fait donc comme tout touriste qui se respecte un détour au café Pouchkine boire un chocolat. Ce lieu, créé de toute pièce après le succès de Gilbert Bécaud, est un endroit très sélect et joliment décoré. Mais bon on n’a pas été jusqu’à le photographier.
Le Kremlin est entouré d’églises. Nous pénétrons dans l’une d’elles. L’intérieur, comme toute église orthodoxe qui se respecte, est très chargé. Il y a un pope en train d’officier tout en psalmodiant. L’assistance est peu nombreuse et composée de femmes âgées. Les jeunes ne semblent pas intéressés par la religion.
Nous partons en voiture pour le parc Kolomenkoye situé à 10 km au sud est du Kremlin.
Les avenues de Moscou sont immenses. Les voitures filent à vive allure quand il n’y a pas d’embouteillage. La vitesse est limitée à 80 km/h ! Les passages piétons sont très peu nombreux et les voitures non seulement ne s’arrêtent pas mais accélère lorsqu’il y en a un qui essaie de traverser ces larges chaussées. Les panneaux "attention piétons" les représentent d'ailleurs en train de courir. Nous avons un peu peur mais moins que Vincent qui a déjà eu deux accidents graves en Russie.
Nous arrivons au parc sains et saufs. Il est très verdoyant et calme.
il surplombe la Moskova.
 Il y a de magnifiques maisons en bois sans aucun clou qui datent du XVIII ème siècle :
L'église de l'Ascension est l'une des premières églises du village, bâtie en 1530, faite de pierre avec un toit en croupe sur une base octogonale, pour commémorer la naissance de l'héritier désiré, Ivan IV le terrible.
Il y a beaucoup de groupes d’écoliers qui visitent le site et les guides qui leur sont dédiées sont bizarrement déguisées en princesses ou en fées
La visite étant terminée et la campagne donnant faim, Vincent nous amène déjeuner dans un restaurant étrange « le Turandot ». On a l’impression d’entrer dans un théâtre de la renaissance italienne. Les serveurs sont en livrées. La lumière est fournie par des candélabres sur les murs. L’endroit où nous nous installons paraît être un ancien balcon ou un couloir circulaire.
Nous en restons ébahis comme vous voyez.

Les toilettes sont si classes qu’on n’ose pas les utiliser.
Le repas est à l’image du décor, somptueux : Bœuf Stroganoff et dessert très raffiné. C’est ça la magie des lieux!
Après ce repas irréel Vincent part à la recherche de la valise d’Annick tandis que nous partons visiter avec Marina le métro et ses célèbres stations décorées.
Le métro de Moscou se compose de 10 lignes radiales et une ligne circulaire qui coupe toutes les autres lignes, si bien qu’il est très facile d’aller d’un point à un autre de la ville sans prendre énormément de correspondances comme ce peut être le cas à Paris. Il est très fréquenté. Ce n’est pas celui de Tokyo, que je ne connais pas, mais presque. Les stations que nous avons visitées sont toutes immenses et très allongées. Certains tapis roulants n’ont rien à envier à celui de la station Montparnasse. Il n’y a aucun tag ni dans les stations ni sur les rames.
Marina prend des précautions extraordinaires pour ne pas nous perdre dans les stations ou dans les rames. Et encore nous ne sommes que 4 sous sa houlette. Ce doit être un cauchemar lorsqu’elle doit y trimballer des groupes de 12 personnes ou plus.
Nous nous moquons gentiment d’elle mais cela ne la perturbe pas.
Staline avait voulu que les stations de métro soient un plaisir à parcourir pour les travailleurs moscovites. Il a donc mis les grands moyens pour les décorer. Il faut avouer que c’est une réussite. Les quelques stations que nous avons parcourues n’ont pas d’équivalent dans le monde. Si c’est ça l’art stalinien, on signe tout de suite pour qu’il y en ait plus partout.
Au mois de Mars de cette année, ont eu lieux des attentats sanglants qui ont fait 40 morts dans ces stations. Il n’en reste aucune trace. Peut être les moscovites peuvent en déceler, nous non. Deux ou trois mois plus tard il y a moins de policiers ou de militaires qu’à Paris dans le cadre des plans vigie pirate.
Dans la station Ploshchad Revolyutsii" ("Place de la révolution") sont exposées des statues en bronze.
Les gens, hommes ou femmes, caressent le museau du chien de cette statue. Il paraît que ça porte bonheur

La station "Mayakovskaya" est considérée à juste titre comme le chef-d'œuvre du métro de Moscou. Cette station, qui a été construite à une grande profondeur, se trouve sur la première et la plus ancienne ligne. Elle a été ouverte en 1938. Sa décoration intérieure a fait l'objet d'un vif succès à l'Exposition internationale de New-York. Deux marbres différents, la rodonite et la diorite, ont servi à la décoration des murs et des colonnes. La voûte de l'allée centrale est décorée de 33 mosaïques exécutées d'après les desseins du fameux artiste russe Alexandre Deineka. Les mosaïques ont pour thème "un jour dans le ciel soviétique".
 Voilà dans quls couloirs circulent les moscovites qui prennent le métro. Mieux que chez nous non?
Nous sortons du métro et nous nous dirigeons vers l’embarcadère des bateaux bus pour bénéficier d’un autre point de vue de Moscou via une croisière sur la Moskova.
L’embarcadère se trouve non loin de la gare de Kiev. A la demande de marina nous traversons à toute allure la place où se trouve outre cette gare, la gare de Kazan et la gare du transsibérien. C’est d’après elle un coupe gorge, même en plein jour, fréquenté par les gitans. Même en Russie ces gens sont mal aimés !
Il fait très beau et chaud aujourd’hui. Les moscovites en profitent pour se faire bronzer le long des berges. Il n’y a quand même pas de téméraires pour se jeter à l’eau, peut-être à cause de la pollution, peut-être à cause de la température.

Nous ne voyons pas d’usines si ce n’est à intervalles réguliers des centrales thermiques qui alimentent la ville en électricité. Le Kremlin est encore plus impressionnant vu du bateau.
Nous passons ensuite devant la statue de Pierre I en navigateur de Zourab Tsereteli
Cette statue très laide à nos yeux mérite quelques éclaircissements rapide Vincent: L’auteur Zourab Tsereteli est président de l'Académie des Beaux-Arts de Moscou. Homme influent en Russie, il est un proche de Iouri Loujkov, le maire de Moscou.
En 1992, il essaya de donner aux États-Unis une statue de Christophe Colomb pour commémorer le 500e anniversaire de son premier voyage aux Amériques mais l'offre fut déclinée. Cette statue fut finalement installée à Moscou, sur les bords de la Moskova, et ne présente plus Christophe Colomb mais Pierre le Grand qui comme personne ne le sait a été un grand navigateur. D'autres propositions de Tsereteli furent également refusées dans les années récentes dont une statue de Magellan en Uruguay, du colosse de Rhodes en Grèce, de Franklin D. Roosevelt à New York et de Balzac en France.
A l’hiver 2006, le maire de la petite ville bretonne de Ploërmel se voit offrir une statue de près de 10 mètres de haut de Jean-Paul II, sculpture en bronze de l'artiste russe. Un cadeau "pour service rendu" dira le maire, sans plus de détail. Le cadeau coûtera malgré tout, quelques dizaines de milliers d'euros aux contribuables de la ville. Un collectif anti-statue se crée et une première manifestation rassemble plus de 500 personnes en novembre 2006 dans la petite ville bretonne pour défendre leur conception de la «laïcité», tandis que d'autres associations viennent défendre la mémoire du pape. Cette statue fait aujourd'hui l'attraction de la petite ville.
Nous débarquons pour rejoindre en voiture l’Arbat qui est un quartier piéton au centre ville. Las nous sommes pris dans un embouteillage infernal. Nous sommes un vendredi à 5 heures de l’après midi. C’est l’heure ou (presque) tous les moscovites sortent de la ville pour se rendre à leurs datchas dans la campagne environnante.
Nous croyions que la datcha était réservée à la nomenklatura de la Russie soviétique. Marina et Vincent, qui nous a rejoint avec la valise enfin récupérée d‘Annick, nous expliquent qu’il n’en est tout autrement. Chaque famille russe pratiquement en possède une. Il s’agit d’une petite maison entourée d’un petit lopin de terre avec dans un coin la bania dont nous reparlerons plus tard. Évidemment les datchas des nantis sont plus belles et plus près de la ville que les autres. Mais ce système permet aux russes les plus pauvres de pourvoir un tant soit peu à leurs besoins alimentaires grâce à la culture de la pomme de terre notamment.
Marina en possède une. Elle est aussi propriétaire de son appartement car c’est aussi un système hérité du passé. Beaucoup de russes ont acquis le droit de posséder leur appartement.
Certes les appartements hérités de l’époque soviétique étaient généralement petits mais certains, plus fortunés, en rachetant les appartements des voisins ont maintenant des appartements qui n’ont rien à envier aux appartements occidentaux. Les autres continuent de végéter dans leur appartement minuscule ou pire encore dans un appartement communautaire.
Vincent en possède un à Saint-Pétersbourg, avec cuisine et toilettes communes !
Marina est potentiellement riche avec son appartement et sa datcha, mais touchant une retraite ridicule elle est obligée de travailler comme guide.
Pendant toutes ces explications notre véhicule n’a pas parcouru cent mètres. Nous décidons de finir notre voyage à pied. Il fait chaud ! Nous pénétrons dans le Goum. L’intérieur du magasin est magnifique contrairement à notre impression d’hier. L’intérieur est composé de galeries marchandes très « art déco » avec de magnifiques verrières dignes de celles du Grand palais à Paris. On est loin du Goum de l’époque stalinienne où les marchandises étaient rares. Ici il n’y a maintenant que les mêmes boutiques de luxe que l’on retrouve sur les Champs Elysées ! Après s’être désaltéré nous partons à la recherche d’un supermarché afin de faire nos provisions pour les apéros et les tea parties qui meubleront notre voyage en train..Sur les conseils de Marina, nous achetons de la vodka Smirnoff, parait-il la meilleure et de la vodka à l’orange. Nous prenons aussi des sachets de calamars séchés ainsi que des boîtes de caviar de saumons et des noix de pignons de pin de Sibérie.
Vincent nous amène ensuite dans notre dernier restaurant de Moscou. La salle est située dans une cave qui était le quartier général des marchands de la ville. Le cadre est agréable mais la nourriture banale. Il y a un groupe de jeunes filles qui fêtent l’anniversaire de l’une d’elles avec joie et beaucoup de toast à la vodka. Nous parlons un peu de notre futur séjour à Irkoutsk et en Mongolie. Marina se révèle, comme je pense beaucoup de russes, très méprisante envers les mongols et la Mongolie .
Vers 11heures du soir nous partons pour la gare.

 Direction Irkoutsk via le train Moscou Pékin, voiture 20, compartiment 12.
Il y a deux trains par semaine pour relier Moscou à Pékin. Selon les accords passés entre russes et chinois, l’un géré par les russes passe par la Mandchourie, l’autre géré par les chinois passe par la Mongolie.
Pour aller à Irkoursk nous prenons celui qui , après cette ville ,passera par la Mandchourie.
Respectant consciencieusement les consignes de Vincent pour prévenir toute tentative de vol, nous restons groupés, tenant bien fort nos sacs en attendant d’embarquer. Nous faisons nos adieux à Marina.

Le train arrive enfin et nous prenons place dans notre wagon qui est le dernier du train. Le provodnist nous indique notre compartiment, nous donne nos draps, notre couverture et notre serviette de toilette.
Nous sommes un peu déçus car nous nous attendions à être accueillis par une provodnista comme celle du guide de voyage Lonely Planet.
Vincent nous rassure, l’homme effectue le service de nuit et sera relayé demain matin par une vraie provodnista.
Nous sommes 4 dans le compartiment : Jackie et moi sur les couchettes du bas. Vincent et un ami à lui, qui vient d’arriver, sur les couchettes du haut.
Cet ami est une personne de la société des chemins de fer russe qui s’occupe des billets (notamment des nôtres). Il voyage cette nuit avec nous pour rejoindre demain matin sa famille dans sa datcha.
Annick et Laurent occupent le compartiment précédent tout seuls. Ils ont payé plus cher pour pouvoir disposer d’un compartiment à eux deux.
Le train démarre ver minuit. On se couche vers 1h du matin quelque peu fatigué. La description du wagon sera pour demain.

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