22 Mai dans le train

La nuit a été un peu agitée. Vers 5h de grands coups sont frappés à la porte du compartiment. Une ½h après ça recommence. L’ami de Vincent commence à s’agiter, puis il plie ses draps s’habille et descend de sa couchette juste au moment où le provodnista commence à vociférer. L’ami de Vincent ouvre la porte et lui tend son paquetage de draps, de couverture et de serviette de toilette. L’employé s’en va apparemment satisfait. Le train s’arrête et notre colocataire descend sur les quais. Il est arrivé à destination.
Je me rendors finalement jusqu’à 8h, heure à laquelle tout le monde émerge. Il est temps avant le petit déjeuner de faire une description de notre compartiment et du wagon.
Notre compartiment de 2ème classe appelé aussi " classe molle " dispose comme je l’ai déjà dit de 4 couchettes. Les deux couchettes du ba,s lorsqu’on les soulève ,disposent d’un casier où l’on peut aisément ranger un grand sac de voyage. Il reste encore un peu de place pour ranger des bricoles.
Près de la fenêtre se trouve une table que l’on ne peut pas replier. Elle sera toujours encombrée de victuailles, tasses ou thermos.

Les deux couchettes du haut se rabattent pour permettre aux passage de s‘installer confortablement sur celles du bas. Les passagers de ces couchettes disposent de casiers de rangement au dessus de la porte pour y ranger leur sacs de voyage. Il y a une lampe de chevet en bon état par passager.
Les couchettes recouvertes d'une sorte de velours, sont assez étroites. Le compartiment est climatisé . On ne peut pas ouvrir les fenêtres.
Les draps fournis hier soir sont dans un état correct. La serviette de bain ressemble par son tissu et son épaisseur à une serviette de table.

Le couloir du train est étroit. A chaque bout se trouve des toilettes aussi petites que celles du TGV. C’est là aussi qu’on est supposé, d’après Lonely Planet, se doucher en connectant un tuyau au robinet de lavabo. On ne le fera pas. Ceux qui ont donné ce conseil n’ont jamais pris le transsibérien car le robinet s’ouvre en enfonçant un bitoniau situé dans l’orifice. Il n’y a pas d’eau chaude. Chaque jour nous avons fait des toilettes de chat.

Les toilettes resteront à peu près propres jusqu’à Irkoutsk, le papier toilette viendra lui à manquer. Le système de chasse d’eau (pédale au pied) est plus judicieux que celui du TGV.
Dans le couloir du train il y a curieusement un tapis. Les fenêtres dont certaines
s’ouvrent sont ornées d’un rideau.

A un bout du couloir, en face le compartiment réservé aux podvonista , se trouve un magnifique samovar. Celui-ci est alimenté au charbon par la podvonista .
Il fournit les passagers en eau chaude (attention à ne pas s’ébouillanter).

A propos d’eau chaude, la podvonista qui a remplacé le grincheux de la nuit nous
amène des magnifiques verres à thé aux armoiries du transsibérien que nous achèterons
arrivés à Irkoutsk.

Elle nous propose aussi des friandises. Jackie les prend en pensant que c’est un cadeau de bienvenue. Mais avec force gestes, elle nous fait comprendre qu’il faut payer, pas beaucoup certes, mais payer 50 roubles. Comme nous n’avons pas de monnaie nous lui donnons 500 roubles. Elle les prend et s’en va. Nous voyant inquiets, Vincent nous dit que , n’ayant pas de fond de caisse (c’est interdit) elle attendra d’avoir la monnaie avant de nous la rendre. On n’en reverra jamais la couleur.
Sur ces entrefaites, nous nous attaquons au petit déjeuner préparé par Vincent (viennoiseries industrielles) arrosées de nescafé acheté en France.
La matinée s’écoule paisiblement en discussions. Vincent nous prête quelques livres dont l’un racontant la découverte d’une famille d’anciens croyants au cœur de la Sibérie dans les années 1980 nous passionnera. Les autres livres nous paraissent sans intérêts.
Nous arrivons à la gare de Tomsk vers midi. Sur le quai où nous descendons nous dégourdir les jambes.

 Il y a beaucoup de marchands de nourriture et  d’énormes peluches.
 Il y a une usine de jouets non loin de là et les ouvriers sont autorisés à vendre les peluches qui ont un petit défaut. Vincent nous apprend à reconnaître les marchands à la sauvette qui sont discrets car interdits. A la vue du moindre policier, ils s’égaient. Nous remarquerons plus tard que, dans les gares où le train s’arrête sur une voie qui ne donne pas directement accès aux sorties de la gare, il n’y a pas de marchands clandestins. L’arrêt dure une vingtaine de minutes. Quelques passagers montent dans notre wagon : deux hommes avec des malles énormes qu’ils arrivent à entreposer tant bien que mal en bout de wagon, une bande de jeunes gens et de jeunes filles, un couple avec deux enfants.
C’est l’heure de notre premier apéro à la vodka. Vincent nous initie à l’art russe du toast : Faire un vœu à haute voix en regardant son verre et non les autres personnes et boire d’un trait en avalant dans la foulée quelque chose de solide (calamar séché, petits biscuits apéritif, etc.). Personne n’est emballé par la vodka. On ne sera pas saoul à la fin du voyage !
Après une discussion à bâton rompu, nous nous dirigeons vers 15h30 au wagon restaurant.
Il nous faut traverser trois wagons avant d’y arriver en prenant soin à chaque fois de bien refermer les portes de liaison n sous peine de se faire sermonner par les podvonitsa.
La serveuse du restaurant nous accueille. Elle est très sympathique. Peut-être parce que Vincent la connaît.
Ici il ne s’agit pas de restauration rapide comme dans le TGV. Le wagon dispose d’une cuisine alimentée au charbon et d’un cuisinier.
Au menu : bortsch, soupe de bœuf, salade et patates, le tout arrosée d’une bière locale de la marque du vieux moulin.
Nous regagnons ensuite notre wagon pour une petite sieste. Lors du trajet, un passager mécontent a bloqué une des portes de communication. Vincent doit demander l'aide d'une podvonista
pour la débloquer.
Vers 16h30 le train s’arrête quelques minutes à Balézino à 1194 Kms de Moscou. Nous profitons de cette halte pour acheter du poisson séché à une marchande (ça va sentir dans le compartiment !) ainsi que des pirojkis qui sont des pains fris et fourrés de choux et de pommes de terre ainsi que des vatrouchkas qui sont une sorte de donuts.
Vers 19h nous nous attablons tous les 5 dans notre compartiment pour le repas du soir. Nous avons pris une heure de décalage en plus par rapport à Moscou.
Le poisson acheté plus tôt est difficile à dépiauter mais bon, comme le reste
.
Le tout est arrosé d’un champagne local que Vincent avait acheté la veille à Moscou.
On est obligé de le boire maintenant. Vincent l’avait confié à la provodnista pour qu’elle le mettre au frais dans son frigo. Cette dernière ayant fait elle aussi des courses à la dernière halte nous rend le champagne pour faire de la place dans son frigo.
Lors d’une discussion à bâton rompu Vincent nous raconte la légende de la datcha que j'ai oublié maintenant mais c'est promis, j'essaierai de m'en rappeler.
Nous arrivons à Perm (1437 Kms de Moscou). Il fait froid et il pleut. Nous décidons donc de nous coucher. Nous gagnons encore une heure sur Moscou.


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