Contrairement à la demande de Vincent et de Tuul, il a oublié de mettre le café.
Nous sommes de nouveau réveillés par un autre groom à 4h30. Contrairement à Jackie, j’ai très bien dormi dans ce grand lit de 2m de large.
Une heure et une douche plus tard nous embarquons dans le minibus pour rejoindre la gare. Nous passons devant un énorme entrepôt qui tient lieu de marché d’occasion. Vincent le surnomme le marché aux voleurs car c’est ici que les gens peuvent éventuellement racheter des affaires qui leur ont été volées quelques jours auparavant.
Nous longeons tout un quartier à l’aspect plus ou moins de bidonville. Peut-être sont-ce les yourtes qui lui donnent un aspect plus présentable. Il y a des yacks entre les habitations. Je me demande ce qu’ils peuvent bien brouter. Il n’y a pas d’herbe, que de la poussière.
Deux filles se battent au milieu de la rue, en se roulant par terre, sous le regard indifférent des rares passants.
Chemin faisant nous faisons part à Vincent de notre regret de ne pas être resté un jour de plus sous la yourte plutôt que cette journée perdue ici. Il nous rétorque que ne pouvant pas prévoir la météo, mieux valait une journée ici qu’une journée sous la pluie dans la yourte.
Avec le recul je ne suis toujours pas d’accord. J ‘aurai préféré passer une journée à jouer aux osselets, à m’acharner à résoudre des casses têtes ou à discuter en regardant tomber la pluie par la porte.
Nous attendons l’arrivée du train à la gare, comme toujours en formation traditionnelle, préconisée par Vincent et Lonely Planet, du groupe de touristes aux abois.
Le train direct en provenance de Moscou arrive enfin.
Tous les touristes en descendent car c’est une halte obligée.
Il ne reste plus que des mongols et des chinois.
Comme mentionné au début de ce blog, le train Moscou Pékin passant par la Mongolie est géré par les chinois. Les podvonista, ou plutôt les podvonistas car ce sont des hommes, sont chinois.
Contrairement aux russes et aux mongols, Ils commencent par relever les numéros de nos passeports puis nous distribuent draps et couvertures. Les draps sont loin d’être net. Mais bon, nous n’avons qu’une nuit à passer dans ce train.
Le wagon n’est pas de la dernière tenue. Le WC est dans un triste état. Nos podvonista ont fermé et réservé à leur usage personnel le WC situé près de leur compartiment. De plus, comme le train n’est pas bondé, ils ont repoussé plus loin les passagers qui étaient dans le compartiment adjacent au leur. Ils ne feront aucun ménage jusqu’à Pékin, se contentant de cuisiner leur repas sur la chaudière du samovar. Je pense que ce dernier fonctionne uniquement parce qu’ils s’en servent. Et ça dure depuis Moscou !
Il n’y a pas de prises électriques dans le couloir où les rideaux de fenêtres sont curieusement à mi hauteur d’homme. Nous devons donc jusqu’en Chine nous rationner au niveau photos.
Contrairement à ceux de Laurent, Annick ou Vincent, les batteries de nos appareils ne tiennent vraiment pas la charge.
Vincent est lui équipé comme un professionnel. Il a un chargeur de batterie portable qu’il charge dans les hôtels. Faut le faire non? Utilisant à fond les technologies, il dispose d’un petit GPS connecté en temps réel à Google et qu’il dispose soit contre la vitre du compartiment lorsqu’on est dans le train, soit à l’hôtel ou dans le bus. Cela permet aux internautes de suivre en temps réel son déplacement.
Il dispose aussi d’un IPhone et d’un ordinateur portable qui lui sont utiles pour son travail d’organisateur de voyage. Il consacre dans la journée 1 heure par jour à répondre à ses mails. C’est pour ça que lors de la préparation de notre voyage nous avons toujours eu l’impression qu’il n’était pas loin de nous et toujours disponible.
Dans le cadre de son travail il reçoit ou donne souvent des coups de téléphone. Pou minimiser les coûts il connaît la carte SIM prépayée la moins chère selon le pays ou l’endroit du pays où il se trouve. Nous l’avons vu maintes fois opérer ces changements de carte lors de notre voyage.
Il possède de plus une tablette de lecture style IPad sur laquelle il télécharge les livres ou documents qu’il désire consulter pendant le voyage.
Tous ces appareils qui ne sont pas de la frime tiennent dans un petit sac de voyage !Vincent nous offre des cafés filtres individuels de fabrication japonaise qu’il a achetés hier à Oulan Bator ainsi que des bombons mongols au café. Il faut venir en Mongolie pour trouver de tels bombons alors que les habitants ne boivent pas de café . Il n’y a que lui pour dégotter ce genre de produits fort bons au demeurant.
Le wagon (N°13, compartiment 8) est encore plus rustique que le wagon mongol et mal entretenu. Une seule vitre du couloir peut se baisser, celle de notre compartiment non.
Le train démarre et Jackie s’endort rapidement, pour rattraper sa nuit, dans le désordre déjà mis en place par nos soins.
Nous avons un jeune colocataire mongol dans notre compartiment. Il est très timide et parle un peu russe, par l’intermédiaire de Vincent il nous apprend qu’il va faire ses études en Chine.
Vincent a choisi ce train car il sait par expérience que tous les touristes descendent à Oulan Bator et que peu d’autochtones y montent.
Pourquoi n’y a-t-il pas de touristes qui montent me direz-vous ? Et bien parce qu’il faut avoir un réseau comme lui pour arriver à réserver des places ici. C’est ça la magie des lieux !
Après une montée avec de très beaux lacets, la steppe devient de plus en plus désertique, il y a de plus en plus de cadavres d’animaux (chevaux, yack, moutons) morts de faim durant cet hiver terrible.
Au loin nous distinguons une ville fantôme avec des barres d’immeubles entiers vides. C’est une ancienne ville de garnison du l’ex grand frère soviétique.
On entre dans le désert de Gobi. Vincent nous dit que l’on risque de voir des antilopes. On n’en verra pas comme on n’a pas vu de sousliks (espèce de petits animaux rongeurs) dans le Terejl.
Il y a de moins en moins d’herbe, de moins en moins d’animaux, vivants ou morts et de plus en plus de poussière dans le wagon. Vincent nous dit que lors d’une tempête de sable le wagon en est rempli.
Les poteaux électriques sont curieusement composés d’un pilier de béton enfoncé dans le sol d’une hauteur de 2 mètres en haut duquel est plus ou moins bien fixé un poteau en bois. Peut-être cela les protège-t-il de la neige ?
A chaque passage à niveau, peu nombreux il est vrai tant les routes sont rares, un mongol est chargé de vérifier de visu qu’il n’y a rien qui cloche sur les parties extérieures du train. Une fois le train passé, il rentre dans sa yourte qui peut se trouver assez loin à cheval, à moto ou à vélo. Je ne sais pas comment il prévient ses supérieurs si quelque chose cloche sur le train. Peut être dispose-il d’un portable ?
Il y a très peu d’habitations si ce n’est de temps en temps un yourte près de laquelle paissent des animaux pas difficiles question nourriture.
Nous assistons au joli spectacle d’un troupeau de chevaux venant boire à un point d’eau.
Au fur et à mesure que l’on roule, il y a de plus en plus de sable.
Vers 11h30 nous arrivons à Choyr la ville natale du cosmonaute mongol..La gare est rose et blanche comme un gâteau de mariage.
Nous descendons acheter des bouteilles d’eau La vendeuse ne veut pas pour je ne sais quelle raison du billet de 2 dollars de Jackie. qui se fait accoster par des gamins qui vendent des cailloux du désert. Le temps de l’achat de deux spécimen, pour faire plaisir aux gosses et non pour la valeur des pierres, elle est dépouillée des dollars qui lui restaient. Ce n’est pas une grosse somme. Ces enfants avaient l’air si sages ! Jackie pense qu'ils ont bien gagné leur argent car ce sont de bons prestidigitateurs.
Nous remontons dans le train qui redémarre et tout en prenant notre apéro moins somptueux qu’entre Moscou et Irkoutsk, nous voyons nos premiers chameaux de Bactriane avec leurs longs poils.
Vers 15h nous partons au wagon restaurant où il commence à faire une douce chaleur. Le repas est quelconque et la bière de trop.
Plus tard ,lors d’un arrêt prolongé, nous descendons nous dégourdir un peu, mais les podvonist, va savoir pourquoi, nous intiment l’ordre de remonter alors que le train restera un bon quart d’heure avant de démarrer. Il fait 33°C dans le wagon et toujours ce sable. Heureusement qu’on n’a pas fait ce voyage au mois d’Août.
De temps en temps on voit trois ou quatre maisons avec un jardin d’enfants. C’est un leu de rassemblement des enfants nomades pour l’école.
Il se met à pleuvoir (deux secondes). Laurent qui avait prédit la pluie ne s’était pas trompé !
Nous approchons de la frontière. Le podvonist ferme les toilettes.
AZamiin Uud, le poste frontière mongol, le wagon restaurant qui est administré par les mongols, est détaché du wagon. Une heure et demie après, les contrôles terminés on quitte la Mongolie.
Nous entrons en chine après la traversée du traditionnel no mas land. Une fanfare accueille le train. Il y a des lumières partout.
Le contrôle des passeports a lieu sous le champ d’amour des sirènes des locomotives que tente de couvrir, mais sans y avenir, une musique de Richard Klederman diffusée par les hauts parleurs de la gare.
Nous retenons notre souffle car Vinent nous avait prévenu que les chinois faisaient une détection discrète de la température des gens (probablement par lecture infrarouge). Les gens fiévreux sont refoulés en Mongolie. Ce contrôle date de l’apparition du SRAS. A l’époque les occidentaux s’étaient focalisés sur cette maladie et les dangers qui nous guettaient. Les médias n’arrêtaient pas de critiquer l’attitude des autorités chinoises quant au traitement de cette épidémie. Pour se venger, ces dernières ont instauré un contrôle systématique des étrangers arrivant sur son territoire et montrer par cette occasion qu’il faisaient grand cas du problème. Sur les conseils de Vincent nous avons avalé du Dafalgan une heure avant pour diminuer un état fiévreux potentiel. Tien c’est curieux, j’écris ce document avec l’outil de traitement de texte Word et celui-ci me signale que le mot Dafalgan est une erreur et me propose Dalaï-lama à la place ! Bref, ce contrôle n’a pas eu lieu.
Vient ensuite le changement des boggies qui est un grand moment dans la vie du voyageur du Moscou Paris via la Mongolie.
Ce changement est nécessaire car l’écartement des voies n’est pas identique entre les deux pays.
Le train est acheminé, avec les passagers enfermés, dans un énorme hangar qui peut en contenir plusieurs dans toute leur longueur. Les voies sont à trois rails pour gérer les deux écartements. Chaque wagon est séparé de ses voisins de quelques mètres puis soulevé par quatre énormes vérins commandés par un ouvrier.
Une fois le wagon assez haut, une locomotive pousse très fort le boggie du wagon de tête qui tout en roulant percute celui du wagon suivant et ainsi de suite. Tous les boggies se retrouvent isolés à l’arrière du train.
Arrive alors une autre locomotive qui pousse doucement sous les wagons les nouveaux boggies adaptés à l’écartement des rails chinois. Chaque ouvrier affecté à son wagon positionne et stoppe celui qui lui est dédié.
Les wagons sont alors redescendus et fixés sur les nouveaux bogies. L’opération prend entre une et deux heures. Voici quelques photos de l’opération.
Le train est alors sorti du hangar pour être reconstitué. Commence alors un ballet incessant : Multiples changements de voie, un coup en avant, un coup en arrière, avec à chaque fois un grand choc, le tout accompagné d’un concert de sirènes.
Tout ce remue ménage ne nous empêche pas de nous endormir avant la fin de la manœuvre.
Vient ensuite le changement des boggies qui est un grand moment dans la vie du voyageur du Moscou Paris via la Mongolie.
Ce changement est nécessaire car l’écartement des voies n’est pas identique entre les deux pays.
Le train est acheminé, avec les passagers enfermés, dans un énorme hangar qui peut en contenir plusieurs dans toute leur longueur. Les voies sont à trois rails pour gérer les deux écartements. Chaque wagon est séparé de ses voisins de quelques mètres puis soulevé par quatre énormes vérins commandés par un ouvrier.
Une fois le wagon assez haut, une locomotive pousse très fort le boggie du wagon de tête qui tout en roulant percute celui du wagon suivant et ainsi de suite. Tous les boggies se retrouvent isolés à l’arrière du train.
Arrive alors une autre locomotive qui pousse doucement sous les wagons les nouveaux boggies adaptés à l’écartement des rails chinois. Chaque ouvrier affecté à son wagon positionne et stoppe celui qui lui est dédié.
Les wagons sont alors redescendus et fixés sur les nouveaux bogies. L’opération prend entre une et deux heures. Voici quelques photos de l’opération.
Tout ce remue ménage ne nous empêche pas de nous endormir avant la fin de la manœuvre.
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