1er Juin: muraille de Chine puis Pékin

Nous partons vers la muraille à 4h du matin. Cette heure plus que matinale est nécessitée par deux raisons. : Voir le lever du soleil sur la muraille et éviter tous les marchands de souvenir qui harcèlent les visiteurs du début à la fin de leur visite sur celle-ci. Vincent et Maître Wang ont propagé hier l’information que nous commencerions notre randonnez vers 9h. Nous réveillons au passage l’employée chargée de vérifier les tickets d’entrée achetés la veille par Vincent, puis comme des voleurs, nous traversons le complexe de l’hôtel dans un silence complet. Pas un bruit, tout le monde semble endormi. Munis de nos lampes frontales nous commençons à gravir le chemin d’accès à la muraille. On souffle comme des bœufs pendant notre grimpette. Au bout d’une demie heure notre peine est récompensée par la beauté de la muraille et de son environnement. Malgré la pénombre et le brouillard, le spectacle est magnifique. Je pense que ces quelques photos parlantes.
 Nous dérangeons quelques écureuils en progressant entre les remparts. On entend le cri des faisans non loin de là.
Aparté : en essayant de récupérer ces photos numériques datées automatiquement par l’appareil, je constate que les photos que je pensais datées du 1er Juin, le sont au 31 Mai. Il me faut un certain temps pour comprendre que la date est la date française et que le décalage horaire de plusieurs heures me donner une date différente (voir quelques jours avant la fête de la capitulation de l’Allemagne célébrée le 9 Mai par les russes).
Nous prenons un café assis sur les escaliers de la muraille attendant le lever du soleil. Ce lever commence à devenir de plus en plus hypothétique car le ciel est très bas. Vers 7h nous décidons enfin de redescendre. Nous aurions pu passer des heures à parcourir cet ouvrage magnifique mais il nous faut continuer notre périple.
Sur le chemin on constate que la moindre parcelle de terrain est cultivée. Contrairement à chez nous, les plans de mais sont espacés, car n’étant arrosés que par la pluie, trop serrés, les plans n’auraient pas eu assez d’eau pour se développer.
Si le premier objectif n’a pas été atteint, le deuxième l’a été pleinement. Le site de l’hôtel est encore endormi à notre retour. Nous avons eu la muraille pour nous seuls !
Après une douche nous allons prendre un petit déjeuner au restaurant de la veille toujours aussi bruyant. C’est normal, comme nous le faisons, les invités du patron d’hier prennent aussi leur petit déjeuner.
Après avoir rangé nos affaires, notre lampe frontale nous aura finalement très peu servi, nous déambulons un peu parmi les échoppes qui commencent lentement à ouvrir. L’une d’elle propose des découpages en papiers magnifique mais intransportables. Nous nous rabattons sur des tee shirts avec la muraille imprimée dessus.
Il est l’heure maintenant de prendre le minibus pour Pékin tout en discutant sur les habitudes des chinois.
Les chinois ont une culture très différente de la nôtre. Ils considèrent que tout ce qui pollue notre corps doit être évacué. C’est ainsi qu’ils crachent ou se mouchent dans leur doigt, sans gêne dans la rue, qu’ils rotent à table ou pètent dès qu’ils en ressentent le besoin. J’aurais fait un bon chinois !
Nous y arrivons à Pékin vers midi. Il y a un smog épouvantable et il fait chaud. Nous commençons à tousser à cause de l’irritation dans la gorge. Après avoir traversé quelques périphériques, nous nous arrêtons à un restaurant connu de Maître Wang. Nous avons droit à un salon particulier et nous asseyons autour de la table ronde qui va devenir familière durant le reste de notre séjour.
Maître Wang a commandé les plats car nous ne comprenons pas la carte.
Le repas est excellent et très raffiné. Tous les plats arrivent en même temps et sont déposés sur un immense plateau rond tournant. Au menu :
Graines de lotus coupées en tranches
Espèce de petites poires sucrées
Bœuf, tomates, anis, poivrons et épices inconnus peu piquants
Champignons entourés de brocolis peu cuits
Tripes de porc croustillantes
Salade chinoise garnie de gratons de porc et de poisson
Carpe à l’aigre douce
Poulet
Soupe fade aux algues avec quelques morceaux de poisson pour se rincer les boyaux entre deux mets
Tisane de fleur de chrysanthème pour finir.
On se demande pourquoi y a-t-il autant de plats varié dans les menus chinois. Vincent pense que cela vient de la légende attribuée à l’empereur. Celui-ci avait très peur, comme tout bon despote qui se respecte, d’être empoisonné. Il faisait donc préparer 999 plats pour un repas. Avec un peu d’espoir, le conspirateur potentiel ne pourrait pas les empoisonner tous . Comme l’empereur pratiquait déjà les probabilités, il espérait qu’en en choisissant quelques uns au hasard, il aurait plus de chance de s’en tirer indemne. Mais bon, la tâche était dure pour le cuisinier. Pour que l’empereur ne se lasse pas, lui fallait préparer des plats différents chaque jour.

L’empereur Chinois n’avait rien à envier à nos despotes occidentaux. La couleur jaune lui étant réservée, tout sujet en portant un soupçon de trace était aussitôt exécuté. Le plus dramatique c’est que à part l’entourage proche, personne ne pouvait voir son souverain sous peine d’être mis à mort.
Après ce repas digne de la magie des lieux,aussi délicieux que beau à regarder, nous partons en minibus pour le « Beijing Sihé Hotel » qui sera notre lieu de séjour à Pékin.
Le centre de pékin est ultra moderne avec des buildings partout et de larges avenues. La conduite est encore plus effrayante qu’à Moscou. C’est le plus fort ou le plus fou qui gagne. Les cyclistes sont complètement ignorés des automobilistes dans leurs zigzags infernaux. Presque toutes les voitures sont japonaises exceptées les hauts de gamme classiques (Italienne, Allemandes, Anglaises) au demeurant fort nombreuses.
Sitôt après avoir longé un immeuble abritant les concessions Ferrari et Rolls Royce, le minibus s’enfonce dans une ruelle qui paraît ici incongrue. On entre dans un Hutong, appellation locale du vieux quartier.
Le nôtre s’appelle Dengcao comme le dit le panneau :
Les Hutongs sont peu à peu démolis pour laisser place au modernisme. Les gens sont relogés dans des immeubles neufs souvent en banlieue. Les cas de refus de relogement sont relayés et amplifiés par la presse occidentale.
La municipalité a décidé d’en laisser subsister quelques un pour le patrimoine. Les belles maisons sont achetées par les nouveaux riches qui en font des hôtels particuliers. Les plus humbles restent dans le précaire. Les maisons sont sans eau et par conséquence sans sanitaire. Il faut aller aux toilettes publiques heureusement nombreuses.
Le Minibus a du mal à se frayer un passage. Il paraît que certains taxis refusent d’y pénétrer de peur de se retrouver coincés. Nous arrivons devant l’hôtel. Encore la magie des lieux. On s’attendait à dormir dans un Novotel et on tombe sur une ancienne demeure de notable.
Passé la réception où le personnel est très accueillant, nous pénétrons dans une cour ombragée entourée de maisons transformées en chambre. Une de ces maisons, plus grande que les autres était la maison du maître. Les autres celles des concubines. Les femmes n’avaient pas le droit d’aller à l’extérieur. Pour les empêcher de marcher, dès leur plus jeunes âge on leur bandait étroitement les pieds pour qu’ils s’atrophient. Encore une fois le sort des femmes n’était pas enviable. 
 Nous prenons possession de notre chambre vaste et précédé d’un hall tout aussi vaste dans lequel on dépose nos affaires. La salle de bain est un peu réduite et il faudra faire attention en prenant la douche car l’écoulement se fait difficilement.
Je me repose quelques instants dans le patio tandis que Jacky va se promener dans le quartier. J'ai un peu peur qu'elle se perde car les rues sont tortueuse et les panneaux ne sont pas en français. Tout est calme, on entend seulement le chant des oiseaux, alors qu’à quelques dizaines de mètres, sur les grands boulevards, la circulation était si bruyante. Même l’air semble respirable.
Jackie revient saine et sauve avec quelques jolies photos.

Nous rejoignons ensuite à pied notre minibus qui nous attend à la frontière, c’est dire sur le grand boulevard.
Les rues sont très fréquentées. On se croirait dans une histoire de Tintin ! Il faut se serrer contre le mur dès qu’une voiture ou même un vélo passe. Beaucoup de ces vélos sont électriques. Ce n’est pas un effet de mode. Lorsqu’il rentre chez lui, le propriétaire d’un de ces engins enlève la batterie qui est légère pour la recharger chez lui. Sur les murs il y a des affiches qui, nous dit Maître Wang, recommandent aux nouveaux arrivants de se présenter au chef de quartier. Celui-ci a un pouvoir considérable. Tout chinois s’il doit se déplacer hors de son lieu de résidence doit avoir l’autorisation écrite du chef de quartier. Il n’y a pas intérêt d’être fâché avec lui. Nous passons aussi devant le petit dispensaire du quartier.
Le minibus nous amène visiter la place Tien An Men. La place qui est vraiment immense, faisait partie de la cité interdite. Sur les cotés se trouvent les anciens bâtiments des légations occidentales tant honnis par les chinois au XIX ème siècle. Il ne reste je crois que l’ambassade de Belgique
 Il y a très peu de visiteurs. La plupart sont, d’après Maitre Wang des Chinois de province venu immortaliser leur visite avec leur appareil photo.
faisons un peu de provocation en prenant la posture de vieux pro chinois invétérés à côté d’une jeune chinois qui fait le V du « cheese ». Je ne souviens plus de quel bâtiment il s'agit. Peut-être l'assemblée du peuple.
 Une grande partie de la place est carrément interdite au public.
Maîte Wang nous précise que les autorités ont souvent recours à ce système pour éviter que les évènements de 1989 et la répression qui a suivi ne se reproduisent. Tout regroupement est strictement interdit. De plus il y a beaucoup de policiers en civil parlant plusieurs langues qui traînent leurs oreilles parmi les gens.
Alors qu’il nous raconte qu’à cette époque il avait 14 ans et était venu voir les contestataires très nombreux et que la répression l’a fortement marqué, un bonhomme patibulaire rode autour de nous. Je suis un peu inquiet mais heureusement il s’en va.
Le président Mao y a son mausolée qui attire du monde.
Mais le lieu ne nous intéressant pas plus que ça, nous décidons d’aller visiter le marché du soir.
Les étals des vendeurs sont vraiment extraordinaires. On y trouve brochettes des scorpions, de scolopendre, de serpents, de cafards, de ver à soie et même des étoiles de mer. J’ai vu une jeune chinoise marchant en se délectant d’une brochette de scolopendre !
Pas aventuriers pour deux sous, nous nous sommes contentés d’une brochette de fruits caramélisés bien de chez nous.
Vincent nous dit qu’il a goûté aux scorpions, mais on ne sent que le goût de la sauce.
Nous visitons ensuite une pharmacie chinoise où se côtoient les pharmacologie moderne et traditionnelle. Le rayon traditionnel est composé de poudre et produits plus ou moins ragoûtants comme de la corne de bœuf, de la peau de lézard. Le préparateur en mélange plusieurs pour fabriquer le médicament prescrit par le docteur.
Nous visitons ensuite un magasin de thé ou Annick et Jackie sont ébahies par le choix proposé. Je m’en fiche, je n’aime pas le thé. Elles en ressorte avec quelques sachets et des biscuits.
Je commence à avoir la gorge très irritée et je n’arrête pas de tousser. Jackie est aussi atteinte. Cette toux nous poursuivra encore un mois après notre retour.
Le repas du soir est composé d’œufs de 100 ans et d’une grande variété de raviolis. Les raviolis sont excellents, les œufs de 100 ans beaucoup moins.
Le repas fini nous rentrons en minibus à l’hôtel ,pourtant tout côté, à cause d’un violent orage.
L’orage s’arrête d’ailleurs dès notre arrivée. Le lieu est encore plus magique la nuit.
Nous nous couchons fourbus mais heureux.

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