2 Juin à Pékin

Je suis réveillé à 6h par le champ des oiseaux, en pleine forme malgré ma toux d’irritation permanente. Jacky n’a pas très bien dormi car s’étant levée la nuit en pleine obscurité, j’avais tiré les rideaux je ne sais trop pourquoi, elle s’est pris violemment une chaise qui la guettait sournoisement.
Après une douche délicate due au système d’écoulement, nous prenons un petit déjeuner à base de café et de croissants très acceptables en compagnie de Vincent Annick et Laurent.

Vers 7h30, Maître Wang et le minibus viennent nous chercher pour une visite du parc Beilhai situé au nord Ouest de la cité interdite. Vincent nous explique que la visite matinale est justifiée car ce parc magnifique est le lieu de rencontre des retraités qui y exercent, tôt le matin, toutes sortes d‘activités : Tai Shi, Tango, danses modernes, jeux de raquettes, chant d’opéra anciens.
Certains font de la calligraphie avec un pinceau simplement trempé dans l’eau. Le dessin dure le temps de l’évaporation.
D’autres jouent d’un instrument de musique inconnu qui ressemble à la flute, en s’appuyant sur une partition vraiment différente des partitions occidentales.
Au milieu du lac qui compose le parc, se trouve le Dagoba Blanc, un pavillon blanc de 36 m érigé en 1651 en l’honneur d’une visite du Dalai Lama puis reconstruit en 1741. Bizarre que les communistes ne l’ai pas détruit! Il domine l’île de Jade.
 Nous déambulons parmi les nombreux recoins de ce parc enchanteur.
Cette visite terminée nous dirigeons vers la cité interdite. Nous avons pris suffisamment de photos de ce lieu (voir notre site Picasa) pour le décrire ici. Ce serait fastidieux. Pour plus de détails se rapporter au Guide Bleu. Je vais seulement décrire ici les impressions que j’en ai retirées.
Tout d’abord le chinois est nombreux. Il y a énormément de touristes, tous ou pratiquement tous chinois. Ils sont rangés bien sagement derrière leur guide avec leur signe de reconnaissance propre : une casquette, un drapeau, un badge. Les touristes occidentaux sont rares.

Comme partout dans le monde il y a des endroits où on est pratiquement piétiné et curieusement des endroits où il n’y a pas un chat.
 Les chinois sont très aimables et se laissent facilement prendre en Photo.
 Il y a quelques éléments qui m’ont particulièrement attirés comme ce grand réservoir en bronze recouvert d’or sur lequel on voit de larges éraflures. 
 Ce sont les soldats des légations occidentales du 19ème siècle qui ont essayé de récupérer l’or en grattant ce dernier avec leur baïonnette. Ce grand réservoir était utilisé pour éteindre les incendies. 
La cité interdite, dont les palais sont en bois, a été brûlée maintes et maintes fois. Elle a été à chaque fois reconstruite à l’identique. Les chinois contrairement aux occidentaux ne cherchaient pas à faire des constructions qui durent. L’important était d’avoir toujours le même site, peu importe qu’il ne soit pas d’origine.
Cet escalier en pierre gravée jamais vu dans un autre pays.
 Il y a aussi deux lions. Le premier, quoiqu’il y paraisse, est une lionne qui joue avec son bébé sous sa patte .Elle représente la protection maternelle. Je ne voudrais pas être à la place du bébé. Le second est un lion qui pause sa patte sur je ne me rappelle plus quoi, on dirait un ballon. Il représente l’autorité.
 Après une longue visite, nous sortons par le parc Jingshan. Ce dernier a été construit avec les remblais provenant du creusement des douves du palais impérial. La colline ainsi formée protégeait des mauvais esprits et accessoirement des vents de sable en provenance du Gobi. Pour sortir, nous circulons à travers une suite de petits jardins avec des sculptures très étranges faites avec des pierres. Ça me fait penser au palais du facteur Cheval.
Dans une rue proche, je ne résiste pas à faire poser Maître Wang devant une voiture de luxe en lui promettant que je montrerai la photo à toutes les célibataires du sexe faible que je rencontrerai à mon retour.
 Le luxe côtoie l’ordinaire comme ce vélo taxi.
Nous reprenons le minibus pour aller manger dans un restaurant à nouilles. L’endroit est immense et très bruyant. Sitôt rentrés, un serveur nous annonce en hurlant aux multiples serveurs de la salle. L’un deux nous place à une table au milieu de dizaines d’autres. Le volume des décibels est impressionnant. La façon de préparer les nouilles aussi.
Le serveur arrive avec un immense plateau avec, disposés dessus et pour chaque client , un grand bol de nouilles et un ensemble de petites soucoupes contenant les divers ingrédients à mélanger à celles-ci.
Il y a à peu près cinq ou six ingrédients tels que viande, salades, crevettes, etc. Nous sommes six. Je vous laisse imaginer le nombre de soucoupes sur le plateau.
Les ingrédients ne sont pas mélangés en cuisine mais devant nous.
Je ne sais pas comment il fait , mais le serveur prépare la part de chacun à tout vitesse et dans un grand cliquetis de vaisselle. Il ne met même pas 2 minutes pour nous 6.
Le résultat est excellent à voir Jackie (et moi qui ne suis pas sur la photo).

 Le minibus nous conduit ensuite au magasin de la soie. Il s’agit d’un très grand magasin d’état réservé à la vente de produit en soie.
Nous sommes accueillis par une hôtesse qui nous raconte, avec une maquette vivante l’élevage des vers à soie puis la fabrication de cette dernière. Je ne me souvenais plus que l’on ébouillante ces pauvres bêtes avec leurs cocons avant de les dévider pour en faire des fils de soie.
Certains cocons sont doubles, je ne sais pas si les ouvrières chinoises crient « philippine » lorsqu’elles en trouvent un. Toujours est-il qu’on ne peut pas en tirer des fils de soie. On en fait alors des couettes de la façon suivante :
Après l'avoir ébouillanté, on étire le duo pour en faire un rectangle de la dimension d’une couette.
On arrive à créer l’épaisseur d’une couette en plaquant des centaines de surfaces de ce type l’une sur l’autre. La structure de la soie fait que chaque surface adhère fortement à celle du dessous sans qu’il y ait besoin de colle ou de couture.
Il en faut des doublons pour faire une couette, heureusement qu’ils sont nombreux.
Cette couette là, très légère, n’est pas allergène et repousse les acariens.
Subjugués, nous en achetons une sur le champ. Le temps qu’un employé nous l’emballe sous vide pour diminuer son encombrement, nous visitons le magasin.
Il y a là des costumes, des chemises, des pyjamas aux couleurs magnifiques. En soie évidement.

Munis de notre couette au format bagage de cabine, nous partons pour une dégustation de thé dans un magasin très classe. Ici aussi nous sommes accueillis par une hôtesse qui nous conduit à un salon particulier, encore un !
La préparation et la dégustation de thé sont une véritable cérémonie. Ce que je remarque c’est que les chinois le font très peu infuser, une minute au maximum.
Nous en dégustons une bonne dizaine. Comme je ne suis pas très thé comme vous le savez, j’apprécie modérément alors que Jackie et Annick s’en mettent plein les narines et les papilles.

 Celui qui m’a le plus marqué contenait une fleur séchée qui s’ouvre lorsqu’on lui verse l’eau dessus.


La température de l’eau est aussi très importante. Pour la vérifier ils utilisent un petit « manekein piss » sur lequel après, l’avoir fait tremper longtemps dans l’eau froide, on lui verse l’eau chaude dessus.
Si et uniquement si l’eau est à la bonne température, le petit bonhomme pisse.

 Je ne sais pas si c’est une méthode traditionnelle ou un attrape touriste, toujours est-il que l’on en a acheté un. Nous n’avons toujours pas réussi à le faire fonctionner !
Nous parcourons ensuite le magasin pour acheter des sachets des thés que Jackie a le plus apprécié : Thé Oolong, boutons de rose, au lichies, au jasmin Nous en offrirons en rentrant à nos voisins qui en seront enchantés.
Nous retournons ensuite à notre salon particulier pour déguster le gâteau d’anniversaire de Vincent. Celui-ci qui fête aujourd’hui ses 32 ans nous dit que depuis plusieurs années il fête cet événement en Chine, en Russie ou en Mongolie.
Le gâteau d’une jolie couleur rose est bon mais un peu étouffe chrétien.

Un peu lourds nous allons faire un tour à ce que j’appelle le magasin des contre façons.
C’est un immense magasin de plusieurs étages où l’on peut acheter la contrefaçon d’à peu près tout ce qui existe : du sac Vuiton à la Rolex en passant par l’Iphone.
Annick et Laurent ont acheté un Iphone pour 20€. Ils ont été rassurés car le vendeur en faisant pivoter l’appareil a bien démontré que l’image sur l’écran suivait. Reste à savoir s’ils pourront surfer sur Internet ou simplement téléphoner avec. Le soir venu, ils ont essayé mais la pile était déjà déchargée.
Jackie plus modeste a acheté un sac Longchamp à 2€5O. Combien va-t-il tenir ?.
Tout ceci se passe ici apparemment dans la plus stricte légalité !
Je suis vite sorti les attendre à l’extérieur car ce genre de magasin me fatigue . C’est dans ce lieu que j’ai vu la plus forte concentration de touristes occidentaux

Il est l’heure maintenant du repas d’adieux. Et oui demain nous rentrons en France !
Pendant le trajet en minibus vers le restaurant et comme on est encore gavé du gâteau d’anniversaire, Maître Wang nous fait le trou normand à sa façon. Il nous raconte, avec humour et toujours très pince sans rire, la préparation du canard que nous allons manger. Après avoir été gavé pendant trois semaines, le canard sélectionné est amené au restaurant, avec sa fiche de signalisation, les chinois avaient déjà la traçabilité.. Après avoir été tué, plumé et vidé, on lui remplit l’intérieur du corps avec de l’eau en ayant pris soin de boucher le cloaque avec un végétal quelconque pour l’étanchéité.
On le pend ensuite dans un four. Grâce à la vapeur, la chair à l’intérieur va cuire et devenir très tendre, tandis que la peau à l’extérieur sera laquée régulièrement pendant qu'elle rôtie. On s’en lèche déjà les babines en rentrant au restaurant.
Il s’agit du plus réputé restaurant de Pékin en matière de canard laqué. Nous sommes conduits comme d’habitude dans un salon particulier où le maître d’hôtel nous découpe la bête avec une dextérité déconcertante. J’aurais plaisir à être découpé par lui. Je suis sûr de ne rien sentir !
Comme prévu le canard est excellent quoique assorti d’un vin rouge local bien ordinaire. C’est bien fait pour nous qui l’avons choisi.
Le canard laqué que nous avons mangé na rien à voir avec les canards laqués que l’on peut manger en France.

Nous récupérons la fiche signalétique de notre canard et nous sortons en passant devant le four de cuisson.
 Pour digérer un peu, Vincent nous propose une promenade nocturne en bateau au départ du canal qui relie Pékin à la mer. Il nous faut pour cela prendre notre traditionnel minibus pour rejoindre le plan d'eau, point de départ du canal.
La nuit les vélos chinois roulent sans lumières. C’est très suicidaire car les voitures qui ne les respectent déjà pas le jour, ne les voient pas la nuit.

Nous nous arrêtons en passant devant l’opéra de Pékin. La nuit c’est une véritable splendeur. Illuminé il se reflète dans l’eau qui l’entoure.
Conçu par le français
Paul Andreu il est bien plus beau que l’opéra Bastille qui commence déjà à tomber en ruine.
Cet architecte a conçu entre autre le parc d'exposition de Versailles,grand stade de France et le Hall A terminal 2 de l'aéroport Charles De Gaulle qui s'est effondré il y a quelques années.

Notre chauffeur nous arrête à l’entrée du parc où commence le canal. Il y a énormément de monde mais le public est différent de celui du matin. Il est composé essentiellement de jeunes, en famille ou en bande, qui promènent ou jouent à des jeux différents de ceux des retraités du matin, comme une espèce de jeu de balle en forme de volant de babmignton mais uniquement avec les pieds.
Le canal est bordé de dizaines de bars. Certains sont spécialisés dans le karaoké d’autres dans l’accueil de groupes de rock ou de jazz. Certains groupes jouent avec un public plus que clairsemé.
A l’extérieur cela produit une cacophonie extraordinaire.

Nous arrivons à l’embarcadère ou à notre grande déception nous ne pouvons louer le magnifique bateau canard repéré ce matin.
Nous devons nous contenter d’un bateau tout ce qui a de plus classique. C’est Vincent qui pilote ce bateau électrique. Dès qu’on s’éloigne du bord on n’entend plus aucun bruit.
Nous rejoignons le canal via un pont très étroit que Vincent a du mal à traverser car les pilotes des quelques bateaux qui arrivent dans l’autre sens sont encore moins expérimentés que lui. Nous nous laissons ainsi bercer en navigant dans le canal pendant une bonne heure.
Il est temps ensuite de regagner notre merveilleux hôtel pour une dernière nuit de sommeil en Chine.

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